Le colza a connu des campagnes compliquées ces dernières années. Difficultés d’implantation, attaques de ravageurs à l’automne, reprise de végétation délicate en sortie d’hiver, stress hydrique ou froid au moment de la floraison...Alors pourquoi ne pas donner un petit coup de pouce à cette culture pour l’aider, grâce à la biostimulation du colza ? Retour sur ces molécules qui ont le vent en poupe. Sécheresse au semis, attaques d’insectes à l’automne, gel printanier, températures fraîches au moment de la floraison...campagne après campagne, le colza est soumis à des stress biotiques et abiotiques de plus en plus fréquents, mettant à mal le potentiel de production. Bien sûr, des solutions agronomiques existent pour tenter de contourner ou réduire ces risques. Mais cela ne suffit pas toujours. Face à la disparition de solutions chimiques et dans un contexte de pression environnementale grandissante, accompagné d’une inflation du coût des intrants, d’autres alternatives doivent être trouvées. À ce titre, l’utilisation de la biostimulation sur colza s’affiche comme un levier d’action pertinent.
Biostimulation colza : comprendre et utiliser efficacement les biostimulants
Mais au fait, de quoi parle-t-on avec la biostimulation sur colza ? Parfois méconnus, les biostimulants possèdent, depuis juillet 2022, une définition et une réglementation précises (cf. encadré). Les biostimulants sont des substances et/ou des micro-organismes qui stimulent le processus de nutrition des végétaux et les aident à mieux résister aux stress thermiques ou hydriques. La biostimulation sur colza sert à augmenter la vigueur de la plante dès la levée et de l’aider à passer le cap de l’implantation. Ces produits peuvent aussi accroître le potentiel de floraison de la plante, en jouant sur le remplissage des siliques, la croissance des racines et du feuillage. L’action des biostimulants est donc ciblée directement sur la plante pour améliorer son développement et réduire les stress climatiques. À ne pas confondre avec les spécialités de biocontrôle qui elles, permettent de contrôler les populations de ravageurs et d’aider la plante à mieux résister aux pressions de maladies.
Une réglementation ajustée pour les biostimulants
Depuis le 16 juillet 2022, les biostimulants sont devenus l’une des sept catégories de produits fertilisants autorisés en Europe, au même titre que les engrais, les amendements ou les supports de culture. La Commission européenne définit les biostimulants comme « des substances qui stimulent le processus de nutritiondes végétaux ». Et ce, dans le but d’accroître l’efficacité des éléments nutritifs présents dans le sol ou d’améliorer leur mise à disposition. Pour les fabricants de biostimulants, cette évolution réglementaire simplifie l’homologation, puisque tout produit constitué d’une matière autorisée peut désormais être homologué en une seule fois pour les 27 pays de l’Union européenne.
Un projet axé sur la culture du colza : « Biostim colza », une initiative pour encourager cette culture
Force est de constater que les biostimulants sur colza sont encore mal connus ou mal utilisés d’où des déceptions parfois du côté des utilisateurs. Car selon le positionnement, la date, d’application ou le contexte climatique, l’efficacité peut différer d’une parcelle de colza à l’autre, d’une année à l’autre. D’où l’idée de Terres Inovia de lancer un programme pour préciser l’efficacité et le positionnement de ces spécialités sur le colza d’hiver. Débuté en 2020 pour trois ans, ce projet a pour objectif de développer une méthode pour mieux évaluer l’efficacité des biostimulants sur cette culture. Coordonné par Terres Inovia, ce programme est mené en partenariat avec Inrae, l’Université de Caen-Seine-Normandie et le centre de recherche Rittmo. L’objectif est de regarder l’effet sur le rendement du colza mais aussi sur l’ensemble du cycle de la culture, afin de mieux comprendre comment agissent les biostimulants pour, à terme, ajuster également leur positionnement sur colza. L’enjeu est également d’identifier d’éventuels gènes marqueurs qui révèleraient l’efficacité de tel ou tel biostimulant. Les essais ‘colza’ sont menés en conditions contrôlées mais aussi en plein champ.
Améliorer les performances du colza grâce à la biostimulation
Les constituants des biostimulants peuvent être très variés. Parmi les substances les plus utilisées, citons les extraits de plantes, d’algues ou de micro-organismes comme les champignons ou les bactéries. Il y a aussi les enzymes, les vitamines, les antioxydants, les acides aminés, les protéines hydrolysées...Les exemples les plus connus regroupent les substances humiques qui stimulent l’activité biologique des sols ; les mycorhizes qui favorisent l’absorption du phosphore ou les bactéries du genre Rhizobium, capables de fixer l’azote atmosphérique. L’association d’acides aminées au bore favoriserait son absorption par la plante. Sachant que le bore agit sur les phases clés du développement de la plante, tant racinaire que végétatif, son assimilation est donc capitale.
Pour augmenter la vigueur du jeune colza au démarrage, des substances comme les acides humiques ou fulviques peuvent être utilisées. Elles agissent sur le métabolisme de la plante pour favoriser la production d’hormones de croissance. Des applications directement sur la semence ou par pulvérisation foliaire sont également en test. Car oui, les biostimulants peuvent être appliqués de différentes façons : autour de la semence, au sol ou en foliaire. Pour améliorer l’assimilation des éléments minéraux, et notamment du phosphore et de l’azote, des microorganismes appliqués en pulvérisation sont testés au démarrage de la culture. À chaque famille son mode d’action. Si certaines spécialités stimulent la physiologie du colza, en modulant ses activités enzymatiques, hormonales ou en induisant la production de métabolites, d’autres agissent sur la transpiration des feuilles pour la réduire ou ciblent une action au niveau du sol, en régulant la microflore ou la dégradation de la microflore. L’enjeu des instituts techniques et des firmes est désormais de multiplier les essais ‘biostimulants’ sur colza, localement, pour avoir des références dans des situations pédoclimatiques bien précises. D’ailleurs, la plupart des coopératives et négoces ne référencent dans leur gamme que des produits qu’ils ont eux-mêmes testés. Bien entendu, l’aspect rentabilité ne doit pas être oublié. Voilà pourquoi, les biostimulants restent encore majoritairement utilisés en vigne ou en cultures spécialisées, à plus forte valeur ajoutée. Mais depuis deux ans, les grandes cultures semblent de plus en plus séduites par ces produits, résultats probants à l’appui. Et le colza n’échappe bien sûr pas à cette tendance !
