Que l’on soit éleveur de bovins ou de caprins, l’écornage est un passage obligé. Pour que l’écornage se passe au mieux, il faut intervenir sur des animaux jeunes, avec une bonne prise en charge de la douleur, une contention suffisante, et un équipement performant. Le point sur les bonnes pratiques.
Si dans la nature, les cornes ont toute leur raison d’être, en élevage, elles sont sources d’accident, pour les animaux comme pour les éleveurs. La MSA a recensé, entre 2014 et 2016, une centaine d’accidents du travail dus à des coups de cornes. La sécurité de l’éleveur comme de tous les intervenants qui seront amenés à approcher des animaux sera préservée en l’absence de cornes. C’est aussi pour les animaux eux-mêmes que l’écornage est une démarche de prévention. Sans cornes, ils risquent moins de se bloquer au cornadis. Il y a moins de risques de blessures lors de bagarres. L’absence de cornes limite aussi la compétition, les démonstrations de dominance.
Si le gène « sans cornes », se développe dans certaines races bovines, la majorité des veaux naissent encore avec des cornes et doivent être écornés. Les chevreaux et chevrettes qui seront gardés pour le renouvellement devront aussi être écornés.
Écorner le plus tôt possible
Pour réduire la douleur et les risques sanitaires, il est recommandé d’intervenir sur des animaux jeunes. En effet, quand les veaux et les chevreaux naissent, le bourgeon cornual n’est pas encore fixé sur les os du crâne. Progressivement, il va se relier aux os du crâne et la zone sera très vascularisée. Chez les veaux, c’est après 2 mois que le bourgeon cornual sera ancré dans les os du crâne. Chez les chevreaux, le bourgeon cornual se développe très précocement : dès la naissance chez les mâles, entre 3 et 7 jours chez les femelles.
Plus l’écornage est fait tôt et en prenant en charge la douleur, moins l’intervention sera traumatisante pour l’animal et moins elle perturbera sa croissance. On parle alors d’ébourgeonnement plutôt que d’écornage. Pour agir sur le bourgeon cornual, il est recommandé d’intervenir sur les veaux entre 2 et 4 semaines et, chez les chevreaux, dès leur première semaine.
Écornage sur les adultes, uniquement en cas d’accident
L’ablation d’une corne sur un animal adulte doit rester exceptionnelle, en cas de blessure ou de corne abimée. L’opération est plus délicate et la loi plus stricte sur les obligations d’anesthésie ou de tranquillisation. Une anesthésie locale peut suffire en injectant le produit dans la salière, la dépression située au-dessus de chaque corne.
A l’âge adulte, il devient impossible de retirer le tissu produisant la corne. La vascularisation et le réseau nerveux sont développés. On peut seulement couper la partie de « corne morte ». Si la coupe est réalisée à moins de 6 cm de la base de la corne, on atteint une zone où le sinus est généralement ouvert, surtout chez les animaux âgés. La pose d’un garrot en caoutchouc minimise les risques d’hémorragies. Il doit être retiré au plus tard 8 heures après l’intervention. Il faudra appliquer sur la coupe un pansement pour faciliter la cicatrisation et fermer le sinus. Si la section est réalisée loin de la base, on est au-delà du sinus, ce qui diminue le risque d’infection. L’écornage est interdit chez les vaches dans les deux mois précédant le vêlage.
Prendre en charge la douleur faisant suite à l’écornage
La réglementation qui entoure l’écornage repose principalement sur les recommandations du comité de la convention européenne du 21/10/1988 qui préconise un écornage jeune et recommande une anesthésie locale pour l’écornage des veaux de plus de 4 semaines. Il interdit l’ablation des cornes en les sectionnant. Au niveau français, la charte des bonnes pratiques en élevage recommande l’ébourgeonnage sur les veaux entre 2 et 4 semaines, « pour limiter le stress des animaux et assurer la sécurité des intervenants », ainsi que l’utilisation de techniques d’écornage appropriées.
Même si ce n’est pas une obligation réglementaire, la prise en charge de la douleur est vivement recommandée pour respecter le bien-être animal, faciliter la récupération de l’animal et minimiser la perte de croissance. L’éleveur a tout intérêt à ce que tout se passe bien pour préserver sa relation à l’animal. Un animal qui a eu mal va s’en souvenir et en gardera un certain ressentiment.
Vingt minutes avant l’intervention, il est donc recommandé d’administrer un anesthésiant local et un anti-inflammatoire.
Différentes techniques d’écornage
Pour ébourgeonner veaux et chevreaux, deux techniques peuvent être utilisées : l’écornage chimique à l’aide d’un crayon ou d’une pâte à badigeonner et l’écornage thermique avec un écorneur électrique ou à gaz.
L’écornage chimique se fait en appliquant une pâte caustique à base de soude en fine couche sur une surface de 3 cm à l’emplacement des cornes. Attention, toutefois cette méthode entraine des douleurs de longue durée et des risques de brûlures aux autres animaux par contact. Elle est plus compliquée à gérer en élevage allaitant, car il sera nécessaire d’isoler le veau de sa mère pendant quelques heures pour éviter des brûlures à la mamelle.
L’écornage thermique agit par cautérisation. La brûlure stoppe l’irrigation sanguine, ce qui va arrêter la croissance de la corne. Pour être efficace, le diamètre de l’embout doit être suffisant pour bien englober la base du cornillon.
Il existe différents types d’écorneurs thermiques, qui peuvent être électriques ou à gaz. Le premier critère de choix sera la température que l’appareil atteint. Pour une cautérisation efficace, il faut 650°C à 700°C. Les écorneurs électriques ont l’avantage de ne pas nécessiter de préchauffage. Ils chauffent et refroidissent instantanément. L’alimentation peut être filaire, il faudra alors s’installer près d’une prise ou gérer une rallonge, ou sur batterie.
Les écorneurs à gaz fonctionnent avec une cartouche de gaz. Ils nécessitent un temps de préchauffage (astuce pour savoir si votre fer est chaud : appliquez-le sur une planche, il doit noircir rapidement le bois). Mais une fois chaud, ce sont des appareils très productifs, qui permettent d’intervenir rapidement et d’enchainer les animaux. Ils sont aussi aptes à travailler dans toutes les conditions, même humides.
Un chantier bien organisé
Pour que les ébourgeonnages se passent au mieux, il faut bien préparer son intervention : hygiène soignée du site, matériel à portée de main. L’animal doit être immobilisé et sa tête maintenue en position haute. Pour bien localiser les bourgeons cornuaux, il est utile de tondre le sommet de la tête. Injectez l’anesthésiant local et l’anti-inflammatoire. Une vingtaine de minutes après, vous pouvez procéder à l’ébourgeonnement. Il n’est pas nécessaire que le cornillon soit arraché. Il suffit de vérifier que la cautérisation soit complète, par la présence d’un anneau en sillon de 4 à 5 mm autour du bourgeon. Nettoyez la plaie avec un désinfectant frais (bombe à placer au réfrigérateur) qui désinfectera et soulagera. Pendant quelques jours, il faudra contrôler la plaie et surveiller l’état de santé des animaux
En fin d’intervention, n’oubliez pas de désinfecter et de ranger votre matériel, à l’abri de la poussière et de l’humidité pour prolonger sa durée de vie.
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