Un inoculum de septoriose présent, notamment sur une moitié Ouest
La septoriose est causée par deux champignons : Zymoseptoria tritici (= Septoria tritici) et Stagonospora nodorum. C’est l’une des maladies les plus présentes sur notre territoire. Elle peut engendrer des pertes pouvant aller jusqu’à 60 q/ha.
Les premiers symptômes peuvent être observés tôt, durant l’hiver, sur les premières feuilles formées. On observe des tâches ovales brun clair/marron dans lesquelles des petites taches noires (des pycnides) sont visibles. Les tâches sont souvent bordées par un halo jaune et sont visibles sur les deux faces de la feuille. A partir du stade 2 nœuds, il est important de surveiller l’évolution de la maladie. Les attaques de septoriose s’étendent à toute la parcelle.
Sur la campagne 2020, l’inoculum de septoriose est bien présent. Les pluies du mois de février ont provoqué des symptômes sur les feuilles basses, quand celles du mois de mars ont participé à la dispersion de la maladie. Cependant, les conditions actuelles, sèches et fraiches, ne sont plus favorables au développement de la septoriose. Le traitement n’est donc pas forcément nécessaire pour le moment, bien que les variétés sensibles (note Arvalis < 5,5) restent à surveiller.
Rouille jaune : surveiller a minima les variétés sensibles
Contrairement à la septoriose, les attaques de rouille jaune apparaissent par foyer d’environ 1 m² au cours de la montaison, du stade 1 nœud à Dernière Feuille Etalée (DFE). Les premiers symptômes sont visibles sur les feuilles du bas de quelques plantes. On observe des pustules jaunes.
Selon le modèle Crustyello(1) d’Arvalis, malgré les conditions hivernales favorables au développement de la rouille jaune, la maladie est peu présente en plaine à ce jour. Cependant, certaines variétés doivent être surveillées, comme RGT Lexio, Orloge, RGT Distingo et Ambroise. Cette liste de maladie à surveiller n’est pas exhaustive.
La rouille brune et la fusariose, des maladies qui arrivent plus tardivement dans le cycle
La rouille brune apparaît plus tardivement dans la campagne, vers le mois de mai, entre les stades Dernière Feuille Pointante (DFP) et épiaison. On observe sur la face supérieure de la feuille des pustules orangées et dispersées.
Deux genres de champignons causent la fusariose : Fusarium et Michrodochium. Fusarium graminearum estl’agent responsable de la fusariose de l’épi. Ce champignon peut provoquer des mycotoxines comme le déoxyivalénol (DON), la forme la plus connue. Ces mycotoxines endommagent la qualité technologique des grains de blé, avec une diminution de la faculté germinative, du PMG et une baisse du PS. On observe les symptômes de F. graminearum sur les épis (Figure 5). Les épillets sont échaudés et roses orangés par groupe. Parfois tout l’épi peut être échaudé.
Contrairement à la fusariose du genre Fusarium, Michrodochium nivale est capable d’attaquer tous les organes de la plante, les feuilles comme les épis.
Attention à ne pas confondre les symptômes de fusariose sur feuille et de septoriose !
Programme fongicide, un T1 de plus en plus challengé
Généralement, trois traitements composent les programmes fongicides. Un premier (T1) à 1-2 nœuds, un deuxième (T2) à DFE(2) et un troisième (T3) si besoin à la floraison. Cependant, d’après Arvalis, « l’impasse du T1 à 2 nœuds devient la règle sur variétés tolérantes à la septoriose »(3). De plus en plus de variétés tolérantes à la septoriose (note Arvalis supérieure à 6) sont semées en France, telles que LG Absalon, Chevignon, KWS Extase, Fructidor, etc. Ce progrès génétique permet de moduler voire de faire une impasse T1 lorsqu’on est en présence de ces variétés et que les conditions météorologiques sont favorables. Cependant, en présence de variété sensible à la rouille jaune (note sensibilité < 7 ; Tableau 1), il peut être nécessaire de traiter avec des produits à base de triazoles, en complétant avec une strobilurine.
Le T2, correspondant à la protection de la dernière feuille. Il est le traitement clé pour la lutte contre la septoriose. Les produits à base de SDHI trouvent leur place lors de ce traitement, associés à une triazole. Dans le cas d’impasse T1, le T2 peut être réalisé avant le stade Dernière Feuille Etalée, à partir du stade Dernière Feuille Pointante.
Les outils d’aide à la décision (OAD) : pour évaluer les risques et appuyer la prise de décision
De nombreux OAD existent pour estimer les risques de maladies, qu’ils soient gratuits ou payants.
Du côté des outils accessibles gratuitement on retrouve notamment le Baromètre maladies Blé tendre d’Arvalis et Météo France. Pour évaluer les risques il suffit de saisir quelques informations, comme le code postal, le type de sol, la variété, la date de semis, le précédent, … L’outil est alors capable d’estimer instantanément le risque de maladies sur une semaine.
Chlorothalonil, cyproconazole, époxiconazole, propiconazole… Un point sur leur actualité réglementaire :
Depuis octobre 2018, le propiconazole est classé comme H360D, à savoir « Peut nuire à la fertilité ou au fœtus ». L’approbation européenne de cette substance active n’a pas été renouvelée. Pour la campagne 2020, il n’est donc plus possible d’employer des fongicides à base de propiconazole sur céréales à paille.
Comme le propiconazole, les produits à base de cyproconazole ont été classés comme pouvant nuisible à la fertilité ou au fœtus (H360D). Par conséquent, les produits à base de cyproconazole ne sont plus mélangeables.
L’utilisation de produits phytopharmaceutiques à base de fenpropimorphe est autorisée jusqu’au 30 avril 2020.
La date limite d’utilisation du chlorothalonil par les agriculteurs est fixée au 20 mai 2020. En effet, le renouvellement de l’autorisation d’utilisation de cette molécule n’a pas été validé (voir le règlement d’exécution UE n°2019/667, datant du 29 avril 2019). Le 20 novembre dernier, les produits phytopharmaceutiques contenant du chlorothalonil ont donc vu leurs autorisations être retirées.
Concernant l’époxiconazole, la date limite d’utilisation par les agriculteurs de cette molécule est fixée au 30 juillet 2020, en raison de son caractère perturbateur endocrinien confirmé par l’ANSES en mai dernier.
(1)Le modèle CrustYello est utilisé dans différents outils d’aide à la décision tels que Baromètres, Previ-LIS, Taméo, Xarvio, Opti-protect. (2)DFE = Dernière feuille étalée. (3)ARVALIS – Institut du végétal, Cynthia TORECILLIAS, Laura MEYER, Eloïse GAVE, 2020. Préconisations d’Arvalis, Lutter contre les maladies foliaires du blé tendre, dans Réussir – L’agriculteur normand.
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Les informations délivrées dans la fiche offrent une connaissance générale des maladies et des solutions à envisager. Elles ne peuvent remplacer une observation adaptée des parcelles afin de bien identifier ses caractéristiques propres et la réalité des maladies.
