En avance de deux semaines sur son rythme habituel, la moisson 2025 marque un tournant après les difficultés de 2024. Plus de 70 % des blés tendres ont déjà été récoltés, l’orge d’hiver est intégralement rentrée, et les premiers indicateurs confirment des rendements historiquement élevés. Une campagne précoce, efficace… mais dont les débouchés restent à optimiser, les marchés peinant à franchir les 205 €/t.
Un printemps idéal, une moisson express
Grâce à un printemps chaud mais régulièrement arrosé, la végétation a profité d’une croissance rapide, laissant place à une moisson particulièrement précoce. Dès la fin juin, 11 % des blés tendres étaient déjà battus. Au 21 juillet, les chiffres sont spectaculaires :
71 % des blés tendres sont déjà récoltés (+35 points en une semaine),
100 % des orges d’hiver sont moissonnées,
92 % du blé dur est rentré,
et 64 % des orges de printemps sont déjà au silo (source : Céré’Obs, bulletin du 18 juillet).
La rapidité de la moisson limite les risques liés aux aléas météo de fin de cycle (verse, germination sur pied, altérations de qualité) et permet une meilleure logistique pour les coopératives et les OS. Cette avance de 10 à 15 jours par rapport à une année normale est inédite à l’échelle nationale.
Des rendements au rendez-vous dans toutes les régions
La performance est au rendez-vous, portée par des rendements élevés et une qualité globalement très satisfaisante.
Blé tendre : production estimée à 32,6 millions de tonnes pour un rendement moyen de 72,6 q/ha, soit
+19 % par rapport à 2024.
Orge (hiver et printemps confondus) : 11,8 Mt au total, dont8,4 Mt pour l’orge d’hiver avec un rendement moyen de 70,1 q/ha (+25 %).
Colza:4,2 Mt, soit +14 % par rapport à 2024, avec une moyenne nationale autour de 33,2 q/ha.
Blé dur : rendement moyen estimé à 57 q/ha, avec une bonne qualité technologique dans les zones du Sud-Est.
Certaines régions se distinguent particulièrement :
En Bourgogne–Franche-Comté, les rendements en blé dépassent souvent 85–90 q/ha.
Dans le Sud-Ouest, la moisson est déjà terminée depuis le 10 juillet, avec des rendements corrects (63 à 83 q/ha) mais des protéines en baisse.
En Alsace–Lorraine, le potentiel est au rendez-vous avec de très bons PS (>80 kg/hl) et des qualités brassicoles remarquées pour l’orge.
Qualité des grains : poids spécifiques élevés, protéines contrastées
Les poids spécifiques (PS) sont généralement très bons, souvent supérieurs à 80 kg/hl pour le blé tendre. Cela témoigne d’un bon remplissage du grain.
En revanche, les taux de protéines varient fortement :
Plutôt faibles (<11 %) dans l’Ouest et le Sud-Ouest,
Corrects à bons (11–12 %) dans le Nord et l’Est.
Un bon équilibre azote/biomasse n’a pas toujours pu être tenu, en raison de la dynamique végétative exceptionnelle.
Prix sous pression malgré l’excellence du millésime
Malgré ces excellents résultats agronomiques, les marchés ne connaissent pas de flambée.
Le contrat blé meunier septembre 2025 a terminé la semaine du 18 juillet à 202,5 €/t à Paris, gagnant quelques euros grâce aux incertitudes autour des exportations mer Noire. Néanmoins, l’abondance de l’offre européenne pèse sur les prix, ce qui invite à la prudence sur les ventes immédiates.
