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Quel avenir pour la filière bio en France ?

Bovins de race limousine

Rééquilibrer le développement de la filière bio en doublant la production agricole biologique, est l’objectif du programme Ambition bio 2022. La balance commerciale serait alors équilibrée. Mais des experts voient plus loin. Ils n’excluent pas l’agriculture biologique devenir le mode de production majoritaire. Un programme de recherche lancé par l’Inra a même été lancé pour en mesurer les impacts.

Atteindre 15 % de la SAU pour équilibrer la filière bio en 2022

En 2018, la consommation de produits bio a augmenté de 16 % par rapport à l’année précédente sans accroître la part des importations (31 % en part des achats). Autrement dit, la production agricole biologique a crû au même rythme que les achats de produits bio même si elle reste globalement insuffisante pour couvrir la demande. « L’essor de l’agriculture bio repose avant tout sur la confiance retrouvée des consommateurs, urbains en particulier, à l’égard des denrées commercialisées et des agriculteurs qui les produisent, rapporte Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. La labélisation des produits, quelle que soit leur origine, locale, française ou étrangère, est un gage de travail bien fait et de respect de cahiers des charges ».

En lançant le programme Ambition bio 2022, le gouvernement vise à doubler la production agricole biologique pour palier les importations de produits bio d’une part et de matières premières bio d’autre part, notamment destinées à la fabrication d’aliments du bétail.

Pour y parvenir, ce programme prévoit 15 % de la SAU française convertie au bio d’ici 2022. Mais cet essor sera vertueux si la polyculture-élevage devient le mode de production majoritaire à l’échelle des exploitations ou au moins à l’échelle de petits territoires. Envisager l’essor de l’agriculture bio en copiant les modèles de spécialisation de l’agriculture conventionnelle, avec des exploitations céréalières éloignées des zones d’élevage, n’est pas souhaitable.

Généraliser la polyculture-élevage

A l’échelle de petits territoires, les exploitations agricoles biologiques doivent avoir les moyens d’entretenir la fertilité de leurs sols en épandant des effluents d’élevage et avoir les capacités de produire elles-mêmes les aliments pour leurs animaux à partir des céréales et des oléo-protéagineux cultivée sur leurs terres.

La polyculture-élevage était le mode de production prédominant avant les années 1960. « Pour inscrire l’agriculture biologique dans l’économie circulaire, ce mode de production doit devenir de nouveau majoritaire, explique le directeur de l’Agence Bio. L’empreinte carbone est réduite et la fertilité des sols est maintenue voire enrichie puisque la plupart des exportations de matière organique est restituée au sol ».

« Biolait a déjà engagé le mouvement en commercialisant du lait produit par des vaches entièrement nourries avec des aliments bio et français », précise t-il.

Toutes les filières prévoient de doubler leur production agricole d’ici 2022 pour répondre à la demande croissante des consommateurs. Dix fois plus de porcs bio pourraient même être abattus d’ici là car la filière porcine accuse un retard important.


Florent Guhl Directeur Agence Bio
Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio

Agriculture bio, quelles perspectives ?

Et après ? Des experts se demandent s’il existe un plafond de verre, à l’horizon de 2030-2040 au-delà duquel la part de l’agriculture biologique dans l’économie agricole se stabiliserait. Ce qui signifierait que les consommateurs ne seraient pas prêts à manger quotidiennement bio ! Dans les supermarchés, ils rempliraient aussi bien leurs caddies de produits conventionnels que de produits biologiques.

Mais des experts n’excluent pas que l’agriculture biologique ne devienne néanmoins le mode de production majoritaire. Un programme de recherche lancé par l’Institut de Recherche Agronomique (Inra) a même été lancé pour mesurer les impacts de ce changement de paradigme de la fourche à la fourchette.

Les chercheurs vont alors tenter de savoir si l’agriculture biologique étendue, à l’ensemble du territoire national (et par conséquent l’absence d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires), ne met pas en danger la sécurité alimentaire de notre pays et ses capacités d’exportation.

Les études du cycle de vie du carbone et du phosphore montreront si la généralisation des pratiques agricoles bio ne menace pas la fertilité des sols. L’empreinte carbone de la filière bio serait aussi passée au crible. En s’approvisionnant exclusivement de produits bio français, l’ensemble de la filière bio de transformation et de distribution serait aussi impacté par ce changement de paradigme. Les critères de qualité seront revus.

Par ailleurs, l’étude de l’Inra reposera aussi sur le comportement et les habitudes alimentaires adoptés par les consommateurs. La conversion à l’agriculture bio à l’échelle nationale impose en effet une baisse de la part de la viande rouge dans le régime alimentaire des Français. Compte tenu de la baisse des rendements agricoles, moins de fourrages seront produits. Or les bovins viande en avalent de grandes quantités pour croître.

Enfin, un autre volet de l’étude de l’Inra portera sur le budget que les Français consacreront pour acheter et se nourrir de produits bio. Seront-ils prêts à dépenser plus pour se nourrir mieux ?

En attendant, les consommateurs sont de plus en plus vigilants sur l’origine des produits. A l’avenir, l’agriculture biologique pourrait aussi bien reposer sur une obligation de moyens, comme l’imposent actuellement les cahiers des charges, que sur une obligation de résultats.

Par leur acte d’achat, les consommateurs encouragent d’ores et déjà à la relocalisation de la production et la protection de l’environnement. La culture du soja, bio ou pas, est toujours bénéfique, quels que soient la terre et la région où la protéagineuse est implantée. Mais les consommateurs de produits bio refusent d’encourager la déforestation dans les zones équatoriales en favorisant son importation. Une réflexion est à porter autour des différents acteurs qui sont impliqués, les producteurs comme les consommateurs.

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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.

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