Les cultures de colza sont encore en terre qu’il faut déjà penser à préparer la prochaine campagne. Quelques pistes pour bien choisir ses variétés de colza, avec un rappel sur la gestion du risque limaces avant les semis et les solutions disponibles.
Optimiser le choix variétal des semences colza
Avant le choix variétal, il faut définir quel est le débouché visé pour le colza : l’alimentation animale ou humaine (colza linoléique ou oléique) ou l’industrie chimique (colza érucique).
Un fois cela déterminé, plusieurs critères entrent en ligne de compte pour choisir les variétés de colza et les semences adéquates au contexte de son exploitation :
- La résistance au phoma
Le phoma est l’une maladie qui peut être très préjudiciable pour les colzas en cas de forte pression. En complément des méthodes agronomiques, le choix variétal permet de gérer le risque. Opter pour des variétés de colza très peu sensibles (TPS). Les variétés possèdent des résistances soit quantitatives soit spécifiques. La résistance quantitative est efficace toutes les races de phoma, avec une bonne stabilité dans le temps, sans observation de contournement. Concernant la résistance spécifique, elle ne cible que certaines populations du pathogène, mais va favoriser l’essor de populations de phoma les contournant. Parmi elles, la nouvelle résistance RlmS est très efficace, tandis que les résistances Rlm3 et Rlm7 sont d’un niveau variable (PS à TPS), en fonction des années, des secteurs et des variétés. Mieux vaut les alterner avec des variétés de colza TPS non porteuses de ce type de gènes de résistances.
- L’élongation automnale
Un colza allongé pendant l’automne peut davantage être sujet aux dégâts de gel et au phoma, notamment en situation à risque : semis précoce, quantité importante d’azote disponible dans le sol, apport régulier de matière organique. Mieux vaut privilégier une variété à faible sensibilité à l’élongation automnale.
- La verse
Certaines situations sont exposées au risque de verse : sols profonds, fortes disponibilités en azote. Il est recommandé s’orienter vers une variété très peu sensible (TPS), afin d’économiser un passage de régulateur.
- Le rendement de la variété
Le rendement reste un critère incontournable dans le choix variétal. L’idéal est de cultiver plusieurs variétés à haut potentiel, en suivant une conduite de culture optimale, afin de mettre toutes les chances de son côté.
D’autres critères peuvent intervenir en fonction de son secteur, du contexte de la parcelle et de ses objectifs. Privilégier les variétés avec les meilleures teneurs en huile, avec une hauteur courte (pour les traitements fongicides). Eviter les variétés trop précoces à la floraison dans les zones avec risque de gel printanier et les variétés trop tardives à maturité dans les régions du Nord-Ouest (pour une date de récolte optimale) et dans les sols à faible réserve en eau (pour un remplissage des grains optimal). Pour les parcelles à risque de la jaunisse du navet (virus TuYV), hernie et/ou orobrancheuse rameuse, opter pour les variétés les moins sensibles.
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Associer semences de colza et légumineuses ?
Les essais menés par Terres Inovia ont démontré les bénéfices à associer du colza avec une ou plusieurs légumineuses gélives, c’est-à-dire qui va se détruire pendant l’hiver sous l’effet du gel. Les objectifs : améliorer les performances du colza et profiter d’avantages écologiques. La présence d’une légumineuse joue sur la nutrition azotée du colza, et donc le développement du colza. Une telle association permet également de mieux concurrencer les adventices et de limiter l’usage des herbicides, leur faisant de l’ombre en raison d’une meilleure dynamique de croissance, et captant mieux les ressources du sol (eau, éléments minéraux). Elle contribue également à la réduction des dégâts des insectes d’automne, avec un colza plus robuste face aux attaques et des légumineuses qui vont perturber les populations et diluer le risque : - 10 à -15% d’attaques de charançons de la tige et d’altises, et jusqu’à -30% pour des couverts très développés.
Autre atout, l’amélioration de la fertilité des sols grâce à la restitution du carbone et de l’azote. Résultat, de meilleurs rendements ont pu être observés.
Le choix de l’espèce de légumineuses va dépendre de plusieurs paramètres : le type de matériel disponible, et notamment le semoir, sa sensibilité au gel, le contexte maladies de la parcelle…. Lentilles, fenugrec, gesse, variétés mono-coupe de trèfle d’Alexandrie sont ainsi les plus sensibles au gel. Pour la féverole, les graines étant petites, il faut prévoir une seconde trémie si les semences sont mélangées, ou un semis spécifique. C’est une espèce qui, avec le trèfle d’Alexandrie et le fenugrec, doit être privilégiée dans une parcelle exposée au risque aphanomycès plutôt que le pois ou la lentille.
Des couverts pérennes peuvent être également envisagés, comme le lotier ou le trèfle blanc, moins concurrentiels au printemps.
Limiter le risque limaces avant les semis de colza
Le risque limaces est à évaluer en amont des semis de colza, le plus tôt possible dans l’interculture, voire dans le précédent, et jusqu’au stade 3/4 feuilles, surtout si le temps est humide ou pluvieux. Plusieurs facteurs sont déterminants (tableau 1).
Tableau 1 : facteurs du risque limaces en colza
Pour surveiller l’activité des limaces, des tours de plaine réguliers sont à prévoir le matin, idéalement avant le lever du jour. Des pièges – au moins quatre - peuvent être installés dans les parcelles, de fabrication maison ou standardisés par l’INRAE.
En complément des leviers agronomiques, il est possible de positionner un anti-limaces au préalable ou pendant les implantations. Les seuils utilisés en colza : 5 limaces/m² avant les semis ; 1 limace/m² du semis à la levée.
Deux substances actives, seules ou en association, sont actuellement homologuées : phosphate ferrique, dans la catégorie biocontrôle, et méthaldéhyde. Une vingtaine de spécialités est disponible.
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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.
