1. Accueil
  2. Toutes les actualités agricoles
  3. Alimentation des bovins : raisonner la production de fourrages
les fourragères
les semences

Alimentation des bovins : raisonner la production de fourrages

Produire des fourrages pour les bovins

Face aux aléas climatiques, les rendements des cultures fourragères peuvent subir de fortes variations d’une année sur l’autre. Résultat : un déficit des stocks pour alimenter les troupeaux de bovins viande ou de vaches laitières. Voici quelques orientations pour sécuriser ses approvisionnements destinés à la ration, par la diversification des productions de fourrages.

Le dernier évènement climatique marquant est tout récent. Dans de nombreux secteurs, la sécheresse 2022 a ainsi eu d’importantes conséquences sur la production de fourrages – ralentissement jusqu’à l’arrêt de la pousse d’herbe, épis manquants sur les maïs, baisse des rendements des cultures…-, obligeant de nombreux agriculteurs à ouvrir leurs stocks avant la période estivale. Une situation historique qui pourrait se reproduire, dans un contexte de changement climatique. Il est donc nécessaire d’anticiper ces aléas en se penchant de près sur son système fourrager. Les enjeux ? Reconstituer les stocks de production de fourrages qui sont très bas, afin d’atteindre l’autonomie alimentaire en limitant les achats extérieur ou d’éventuelles ventes d’animaux. Pour ce faire, la première stratégie à explorer est de diversifier les sources de production de fourrages, avec des dates de semis et des récoltes échelonnées sur l’année. Cela multiplie toutefois le nombre de chantiers, avec des impacts économiques – achats d’intrants, besoin en main-d’œuvre,…- et sur l’organisation du travail sur l’exploitation. A raisonner donc.

Faire un bilan fourrager pour ajuster la production de fourrages

Le bilan fourrager permet de confronter les besoins des animaux aux stocks fourragers. Il peut être réalisé en fin de printemps après les récoltes d’herbe (ensilage, enrubannage, foin…) ou en début d’automne, après celles des ensilages maïs. Un point plus régulier est possible, afin d’affiner le bilan selon l’évolution de la situation de l’exploitation.

Pour les besoins des animaux, le mieux est de se baser sur un effectif moyen (vaches, génisses, taurillons…) en tenant compte des périodes en stabulation / transition de mise à l’herbe / au pré.

Il s’agit ensuite d’évaluer ses stocks, aussi bien en termes de productions fourragères que de pâturages.

Selon l’Institut de l’élevage, l’idéal serait d’avoir deux mois de stocks excédentaires, ce qui correspond à environ 1 tonne de MS destock par UGB.

Le maïs, fourrage de base dans la ration des bovins

Le maïs est l’une des cultures les plus représentées dans les systèmes d’élevage. Pour l’alimentation des bovins, il peut être récolté sous différentes formes : ensilage maïs plante entière, maïs épis, maïs grain humide et dans certains cas, maïs grain sec, s’il n’est pas destiné à la vente. Quelle que soit la valorisation, les semis sont à positionner idéalement sur la deuxième quinzaine d’avril. Selon des essais ARVALIS, des implantations plus précoces peuvent impacter le rendement, alors que si elles sont plus tardives, il existe un risque pour la valeur alimentaire. Dans tous les cas, il faut raisonner les dates des chantiers selon le contexte de l’exploitation.

Production de fourrages : trois profils de maïs ensilage

Le maïs ensilage est considéré comme un fourrage en tant que tel. Il s’agit en général de la base de la ration des bovins en hiver, qui peut venir en complément du pâturage. C’est le fourrage qui contribue le plus à l’apport total d’énergie et de fibres NDF utiles à la rumination.

Trois types de maïs fourrage ont été mis en évidence selon les proportions de fibres digestibles et d’amidon :

1. Type fibre : haute digestibilité des tiges et des feuilles - notamment fibres NDF (fibre détergente neutre) - et faible teneur en amidon.

2. Type amidon (ou « grains ») : teneurs élevées en amidon, et moindre digestibilité des fibres.

3. Type équilibre : profil intermédiaire.

Le choix du profil va dépendre de la destination (vaches laitières, jeunes bovins à l’engraissement…) et si la ration inclut de l’herbe.

Intérêt du maïs grain humide dans la ration des bovins

Initialement destiné à l’élevage porcin, le maïs grain humide est de plus en plus utilisé chez les bovins. Il est considéré comme un concentré : un apport complémentaire en fibres est fortement recommandé. A la récolte, il peut être soit broyé-ensilé (teneur en humidité entre 32 et 40%) ou inerté, c’est-à-dire stocké entier (teneur en humidité de 24 à 32%). Ses atouts : facile d’utilisation, des économies sur les frais de séchage et une haute valeur énergétique.

Le sorgho fourrager, une alternative au maïs fourrage ?

Dans un contexte de sécheresse, le sorgho fourrager est davantage résistant aux fortes températures et au stress hydrique – en raison d’une période de sensibilité plus courte et moins intense – par rapport au maïs. Côté qualité alimentaire, il présente une valeur énergétique similaire, mais une teneur en amidon inférieure, ce qui lui confère une bonne digestibilité.

Deux types se distinguent : les monocoupes (une seule coupe récoltée) et les multicoupes, qui sont généralement privilégiés par les producteurs. Les multicoupes permettent en effet plusieurs exploitations sur environ six mois. Le sorgho fourrager peut être ensilé, enrubanné, mais aussi récolté en vert et pâturé. Pour le pâturage, les cannes doivent mesurer minimum 20 à 30 cm pour les types Sudan-Grass et 60 cm pour les hybrides, afin d’éviter une certaine toxicité des plantes (présence de dhurrine qui est ensuite dégradée en acide cyanhydrique dans le rumen.)

En prenant la conduite du maïs comme repère, celle du sorgho est en léger décalage : les semis peuvent être positionnés 15 jours après, et les récoltes, 3 à 4 semaines plus tard.

Prairies : graminées fourragères et plus encore

Une prairie peut être semée en sortie d’hiver /début de printemps ou en fin d’été, en raison des conditions favorables à leur implantation (humidité du sol suffisante et températures douces).


Tableau 1 : Intérêts et limites des différentes périodes de semis d’une prairie – source : ARVALIS

intérêts et limites des semis de prairies

Quant au choix de l’espèce, plusieurs paramètres entrent en ligne de compte :

- La destination : pâturage ? fauche ? ou les deux ?

- La pérennité, qui joue sur la durée de la prairie ;

- Le contexte pédoclimatique : type de sol, températures, humidité…

- Les besoins de son troupeau.

Les mélanges multi-espèces peuvent être intéressants pour varier les profils du fourrage. Par exemple, une légumineuse associée à une graminée permet de réaliser une économie en azote, non négligeable dans le contexte actuel, et est une source de protéines dans la ration des animaux.

Opter pour des méteils pour la production de fourrages ?

Autres fourrages complémentaires envisageables, les méteils, qui associent une ou plusieurs espèces de céréales à paille (blé, triticale) avec une ou plusieurs espèces de protéagineux (pois, vesce, féverole). Il peut s’agir de méteil d’hiver ou de printemps, en tant que cultures principales ou en dérobée (voir paragraphe suivant).

Selon le choix des espèces, ces associations offrent des avantages agronomiques et nutritionnels : souplesse dans la conduite de culture, effet couvrant sur le sol, économe en intrants, rendements élevés, apport équilibré entre énergie et azote, autonomie protéique, richesse en fibres,…Toutefois, ce fourrage présente une faible densité énergétique. Et pour un même mélange d’espèces, la composition peut être très variable d’une année sur l’autre.

Si l’ensilage est l’utilisation la plus courante, il est possible d’enrubanner ou de laisser les animaux pâturer après la fauche, voire avant la fauche, en fonction de la portance du sol et du stade des espèces présentes.

Tableau 2 : Caractéristiques des principales espèces utilisées dans les méteils – source : Guide technique des mélanges fourragers à base de céréales à paille et de légumineuses de l’AFPF (Association Française pour la Production Fourragère)

Caractéristiques des principales espèces utilisées dans les méteils

Dérobées fourragères estivales pour augmenter ses stocks fourragers

Les dérobées fourragères permettent de constituer des stocks complémentaires d’ajustement. Leur intérêt ? Il s’agit de cultures annuelles à cycle court, donc rapidement disponibles, à implanter l’été après les récoltes de céréales, pour un resemis ou si une parcelle n’a pu être semée au printemps par exemple. Les dérobées peuvent être valorisées en ensilage, enrubannage, affouragement vert ou pâturage.

Graminées, crucifères ou légumineuses ? Le choix des espèces, seules ou en mélange, va encore dépendre de plusieurs paramètres : adéquation avec les besoins nutritionnels, dates de semis possibles (tableau 3), parcelles disponibles, culture suivante prévue, exploitation envisagée…

Tableau 3 : Périodes de croissance de différentes espèces de couverts végétaux

croissance des couverts végétaux

Les dérobées peuvent également répondre à d’autres objectifs : couvert végétal, pièges à nitrate, lutte contre les adventices et les ravageurs, favorisation de la biodiversité…

En conclusion, les possibilités de diversifier les sources de fourrages sont multiples. Il est nécessaire de réaliser une analyse fine du contexte de l’exploitation – type de sol, climat, assolement possible, organisation des travaux, disponibilité de la main d’œuvre,…- et des besoins du troupeau selon le profil des animaux. A l’approche du printemps, c’est le moment d’établir sa stratégie fourragère solide afin d’éviter tout manque. En fonction des fourrages choisis, il faudra ensuite veiller à l’équilibre de la ration.



Partager la page

Consultez la gamme de semences fourragères disponible sur aladin.farm