Quand les cultures de printemps n’ont pas encore pu être implantées dans une plage « habituelle », ou qu’un resemis s’impose en raison des dégâts d’oiseaux, peuvent se poser des questions sur le bien-fondé de se lancer dans des chantiers tardifs. Tour d’horizon des intrants à prévoir aux semis tardifs de culture de printemps pour assurer un bon rendement : tournesols, maïs, sorgho ou soja.
Dans le cas d’un resemis d’une des cultures de printemps, il est nécessaire de prendre en compte tous les intrants utilisés appliqués sur la culture retournée, et notamment les herbicides afin d’éviter les risques de phytotoxicité. Autre paramètre à intégrer lors du choix de l’espèce, le contexte pédoclimatique de la parcelle, certaines cultures étant mieux adaptées à un sol plutôt qu'à un autre.
Dans tous les cas, il faut porter attention à la préparation et la conduite des semis tardifs de culture de printemps : travail du sol, densité, écartement, propreté de la parcelle…. Rappelons que l’utilisation de produits phytosanitaires – fongicides, insecticides, herbicides – vient en combinaison de mesures agronomiques adaptées à l’espèce choisie (rotation, travail du sol, binage, destruction des résidus…).
Passé le 10 juin, les semis de soja sont tardifs
Si le choix s’oriente vers du soja, il faut savoir que les dates de semis s’étalent du 10 avril au 10 juin selon la précocité de la variété et la région d’implantation.
Dans le Nord et le Nord-Est, il est nécessaire, quelle que soit la date de semis, d’utiliser des variétés très précoces (000) à précoces (00). Plus au Sud, la gamme est plus large, intégrant des variétés demi tardives (I) à tardives (II). Dans le Sud-Ouest, il reste possible de réaliser « des semis très retardés » jusqu’au 20 juin avec des variétés précoces (00) à demi précoces (0).
Outre la précocité, d’autres critères doivent être pris en compte : la teneur en protéines (en général, supérieure à 40% sur matière sèche) ; la productivité ; la sensibilité au sclérotinia ; la tenue à la verse.
Mieux vaut opter pour des semences certifiées, qui assurent un haut niveau de qualité (germination, absences de pathogènes et de graines d’adventices). Elles donnent accès aux dernières variétés sélectionnées, et donc, performantes (rendement, productivité, robustesse, adaptées aux besoins du marché).
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Semis tardifs de soja, côté intrants
Si le soja est cultivé pour la première fois sur la parcelle ou que cela fait plus de cinq ans qu’une telle culture y a été implantée, il est nécessaire de prévoir un inoculant qui apporte des bactéries permettant la fixation symbiotique du soja. Certains types de sols (calcaires ou sableux, pauvres en matières organiques) nécessitent également une réinoculation.
Sur le volet fertilisation, le soja a des besoins modérés en potassium et phosphore : les apports s’ils sont nécessaires sont à apporter à l’interculture, pendant la préparation de sol par exemple. Pour l’azote, rien à prévoir, sauf situations exceptionnelles et autorisées.
Pour désherber, le recours à des herbicides peut être envisagé en prélevée et post-levée du soja, selon la flore présente et le stade.
Sur le risque maladies, il n’existe qu’une seule solution de traitement de sol pour lutter contre le sclérotinia : il s’agit d’une préparation phytosanitaire de nature biologique à base de spores de Coniothyrium minitans, un champignon parasite. A appliquer et incorporer après pulvérisation, idéalement 1 mois avant le semis, dans les parcelles ayant subi de fortes attaques, pour réduire le stock de sclérotes.
Semis tardifs pour le tournesol dès la fin mai
Dans le Sud, les semis peuvent prendre place du 20 mars à fin mai, et dans le Nord, ils peuvent commencer dès le début du printemps le 21 mars et continuer après le 1er mai.
Toutefois, après le 1er mai, les implantations, même si elles sont possibles, restent déconseillées. Si toutefois c’est le cas, le choix de variétés se restreint aux groupes précoces (P) ou très précoces (TP), selon la zone de cultures. Dans le Sud, seuls des semis en limons sont envisageables.
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Semis tardifs de tournesol, quels intrants pour un bon rendement ?
Contrairement au soja, le tournesol nécessite un apport d’azote en végétation (entre 6 et 14 feuilles). Quant à la fertilisation phospho-potassique, une analyse de terre permettra d’en estimer les besoins. Aussi, il faut porter une attention particulière à deux autres éléments, le bore et le molybdène, particulièrement dans les situations à risque de carences.
Dans les parcelles les plus exposées aux attaques de taupins, il est recommandé de prévoir un traitement de semences à base de microgranulés, à appliquer dans la raie de semis à l’aide d’un diffuseur. Et d’épandre des granulés antilimaces en surface en cas de risques, au semis ou juste après, à renouveler si besoin. La vigilance reste également de mise sur les oiseaux (corvidés, pigeons). Deux solutions sont à envisager entre les semis et les levées : les effaroucheurs, sonores ou visuels, à déplacer régulièrement, ou/et des répulsifs, malgré leur efficacité limitée.
Pour le désherbage, le type de flore présente (graminées et/ou dicotylédones) reste déterminant dans le choix de la stratégie herbicide, qui peut se baser sur de la prélevée (selon l’état du sol) et/ou de la postlevée (selon le stade des adventices et du tournesol).
En cas de sclérotinia, même traitement du sol qu’en soja, contenant des spores de Coniothyrium minitans, un champignon qui parasite les sclérotes. Si le choix variétal reste le principal levier de la lutte contre le mildiou, des traitements de semences ont obtenu une dérogation pour les semis 2022.
Après la fin mai, le semis de maïs est tardif
Les semis de maïs sont idéalement positionnés entre mi-mars et fin mai. Ils sont considérés comme semis tardifs à partir de mi-mai. Dans ce cas, il faut tenir compte de la date de floraison qui conditionne celle de la récolte. Il est impératif de choisir des variétés précoces, voire très précoces. D’autres critères sont importants : productivité et sa régularité, tenue de tige, tolérance aux maladies (et valeur énergétique pour du fourrage).
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L’azote est essentiel pour une conduite réussie du maïs. Un apport peut être positionné au semis si le reliquat azoté est inférieur à 60 kg/ha, ou un peu plus tard, entre 4 et 10 feuilles (idéalement 6/8 feuilles). Les besoins en phosphore vont dépendre du type de maïs cultivé : le maïs grain peu exigeant en P et moyennement exigeante en K. Quant au maïs ensilage, il est moyennement exigeant pour les deux éléments. Un engrais starter peut être justifié pour booster la levée.
Les taupins étant les premiers ravageurs du maïs, il est recommandé en cas de risque d’utiliser des microgranulés à base de pyréthrinoïdes au semis. Les corvidés sont également problématiques : un seul produit à base de zirame est disponible pour protéger les semis. Et contre la géomyze, un traitement de semences à base de cyantraniliprole a obtenu une dérogation uniquement pour les régions Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
Pour une maîtrise optimale des adventices, mieux vaut prévoir un double passage d’herbicides ciblant un large spectre. Soit en prélevée / postlevée, en cas de flore graminées dominantes (ou graminées + dicotylédones en cas de pression élevée). Soit en double postlevée, contre la flore ‘dicotylédones’, et faible densité de graminées.
L’itinéraire cultural du maïs ne prévoit pas d’intervention spécifique au semis pour protéger la culture au démarrage contre l’apparition de maladies. Aucune intervention phytosanitaire spécifique ne sera donc à prévoir en cas de semis tardif.
Après le 20 mai, c’est un semis tardif pour le sorgho
Pour le sorgho, la date idéale pour les implantations se situent entre mi-avril et mi-mai environ, selon le secteur.
Au-delà des dates de semis recommandées, l’enjeu est d’atteindre la maturité à temps (20 % d’humidité du grain) pour un bon rendement. Dans les zones septentrionale et intermédiaire, mieux vaut éviter de semer après le 1er juin. Dans les zones méridionales, c’est possible à condition de choisir une variété plus précoce.
Autres critères à prendre en compte dans le choix de la variété : le potentiel de rendement et sa régularité entre les années, la tenue de tige et la vigueur au départ.
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Semis tardifs de sorgho et intrants
Comme le sorgho puise facilement les éléments minéraux dans le sol tels que l’azote, les apports peuvent être modérés. A calculer au plus près des besoins. Le raisonnement du positionnement est identique à celui du maïs. Concernant le phosphore et le potassium, si l’analyse de terre révèle un besoin, un apport en localisé au semis est plus efficace qu’une incorporation dans le sol par un labour.
Concernant les ravageurs, l’application d’un insecticide microgranulés au semis permet de limiter les risques taupins. L’utilisation d’un engrais starter permet également de renforcer la vigueur au démarrage des plantes, résistant mieux aux attaques de ravageurs.
Le désherbage est également un enjeu dans la culture du sorgho, qui est très sensible à la concurrence des adventices. La stratégie va aussi dépendre de la flore : un herbicide en postsemis / prélevée peut être suivi d’un rattrapage en postlevée précoce (3 feuilles) et/ou en postlevée (6 feuilles), pour gérer graminées et dicotylédones.
Sur le volet maladies, le sorgho est une des cultures les moins exposées. Aucune intervention phytosanitaire spécifique ne sera donc à prévoir en cas de semis tardif.
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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.
