Le sorgho fourrager, lancez-vous !

Le sorgho fourrager est un nom parapluie qui comprend plusieurs espèces, précocités et traits d’intérêts. Vous êtes perdus au moment de choisir, et le faites par défaut ? Voici quelques informations qui devraient vous aider.

Sorgho du Soudan, Sorgho hybride, quelles différences ?

Les sorghos fourragers multicoupes ayant un cycle de développement plus court que les sorghos fourragers monocoupes, ils sont très souvent utilisés en deuxième culture (en dérobé). Leur flexibilité d’utilisation permet de les utiliser aussi bien en interculture qu’en fourrage.

Sudan Grass

Sorghos du Soudan (Exemple : variété PIPER)

Ils sont généralement plus précoces que les variétés hybrides et possèdent de bonnes capacités de tallage et de repousse associées à une morphologie fine (feuilles et tiges). Ils ne bénéficient d’aucun programme d’amélioration génétique, et les variétés sont anciennes.

Hybrides

Sudan X Sudan et Sudan X Bicolor

Plus tardifs que les types Sudan Grass, ils présentent une productivité plus élevée et une meilleure valeur alimentaire. Leur morphologie est plus grossière, mais plus vigoureuse. Ils font l’objet d’une grande attention de la part des sélectionneurs qui leur intègrent les caractères BMR, PPS…

Screening variétal qui montre les différences de précocité entre variétés (hauteur, couleur et largeur de feuilles).

Pour un usage en fourrage, privilégier les variétés hybrides. Le choix de la variété dépend de l’utilisation, avec deux catégories : les variétés à feuilles fines très appétentes et qui tendent à avoir une plus haute valeur alimentaire, et celles à feuilles plus larges qui tendent à produire davantage de biomasse.

Pour les usages en couverts destinés à être incorporés au sol ou pour la recherche d’effet nématicide dans les rotations maraîchères, la différence se fait sur la précocité, et l’option la plus économique peut très bien convenir.

Les caractères d’intérêts, la précocité, pour quoi faire ?

Les sorghos BMR (Brown Middle Rib, Nervure Brune Centrale en VF) sont en théorie plus digestibles car composés de moins de lignine. Cela peut être intéressant dans le cas d’une exploitation tardive ou le sorgho est monté en épiaison. A l’image de la plupart des graminées, une variété classique de sorgho fourrager verra sa valeur alimentaire (notamment UFL) chuter à partir de la montaison puis de l’épiaison. Cependant, moins de lignine dans la variété BMR = risque de verse beaucoup plus important.

Mais alors, comment maintenir une bonne valeur sans risque ? Une exploitation relativement précoce, entre 70 et 100cm, permet d’optimiser la valeur. Un autre caractère, PPS (Photoperiod Sensitive), peut également vous y aider. Ce caractère signifie que le sorgho n’épiera que lorsque la durée de la nuit sera supérieure à la durée du jour, ce qui n’est jamais le cas lors des périodes de production du sorgho sous nos latitudes ! Les variétés disposants de ce caractère offre une flexibilité, et permet de moins chuter en valeur alimentaire, tout en continuant à produire des feuilles de qualité.

En conclusion, vue la cinétique de pousse du sorgho en période estivale, il est recommandé de semer des variétés (au moins 2) avec des précocités différentes (il existe des variations de 3 semaines voire plus dans les cycles) afin de ne pas se faire dépasser et de maximiser la qualité lors des exploitations.

Rappel : le sorgho contient naturellement de la dhurrine, précurseur de l’acide cyanhydrique, qui est mortel à forte dose. A un stade jeune, le sorgho est trop concentré pour être consommé en pâture. Il est recommandé d’attendre que les plantes atteignent 70cm en moyenne afin d’éviter tout risque, ou d’effectuer une fauche avec préfanage de 24h, permettant à cette molécule, hautement volatile, de s’évaporer.