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Prenez soin de vos fourrages enrubannés : bonnes pratiques de conservation

Prenez soin de vos fourrage enrubannés

Face à l’augmentation des prix des matières premières, optimiser les ressources des surfaces en herbe s’impose pour enrichir la ration des animaux à moindre coût. A mi-chemin entre foin et ensilage, l’enrubannage est un mode de conservation attractif qui permet de valoriser des fourrages jeunes ou dont les conditions de récolte sont délicates. Astuces pour en maximiser les avantages.

Mode de conservation par fermentation anaérobie, l’enrubannage est adapté à tous les types de fourrages, à condition d’être maîtrisé. Cette technique concerne l’herbe, exploitée de façon précoce avant épiaison, et permet d’en conserver sa richesse en protéines. L’enrubannage permet bien souvent de sauver des chantiers et de valoriser le fourrage avant la période des foins. Cette technique offre en outre plus de souplesse en termes d’organisation de travail, notamment pour les petits chantiers, pour le transport ou en cas de conditions climatiques difficiles.

L’enrubannage, comment ça fonctionne ?

Après la fin de la phase aérobie, quand les bactéries ont consommé tout l’oxygène résiduel emprisonné dans la balle d’enrubannage, les bactéries lactiques commencent à se développer : c’est la phase anaérobie. Avec suffisamment de sucres à leur disposition, leur action va entraîner une diminution du pH, provoquant une inhibition complète de tout développement et de toute activité microbienne. De même, l'action des enzymes protéolytiques de la plante qui transforment les protéines en acides aminés (azote soluble) s'arrête lorsque le pH est suffisamment bas. Les fourrages enrubannés peuvent alors se conserver sur du très long terme, à condition, bien entendu, que le foin ne soit plus en contact avec de l’oxygène.

Quelles sont les espèces de fourrage adaptées à l’enrubannage ?

Toutes les espèces se prêtent à la conservation enrubannée. En tête, les espèces riches en sucres, comme les graminées, se conservent facilement via la fermentation anaérobie. Les mélanges prairiaux ou les légumineuses sont plus délicats à travailler, de par leur faible taux en sucres qui limite l’action des bactéries lactiques. Mais le respect des bonnes pratiques de confection des balles et du processus anaérobie, voire l’ajout d’un valorisateur de fourrages, permettent l’obtention d’une qualité nutritionnelle intéressante.

Qualité du fourrage conservé : halte aux butyriques !

Qui dit fourrage fermenté, dit potentiellement spores butyriques. Récolter un fourrage propre, c’est limiter le développement des spores butyriques, la contamination en listeria et en champignons. Pour cela, la hauteur de fauche doit respecter 7 à 8 cm pour les graminées (un travers de main), et 10 cm pour les légumineuses. L’objectif ? Réduire les apports de terre et favoriser par la même occasion la reprise de végétation. Il conviendra d’éviter également la récolte de fourrages dans les parcelles infestées par les taupes ou autres rats taupiers.

Pour éviter le développement des butyriques ainsi que l’action des enzymes (protéases) de la plante, une teneur en matière sèche (MS) minimale de 40 % en tout point de la balle doit être obtenue. Au moins deux jours de séchage au sol sont en général préconisés. Avec une matière sèche trop faible, l’appétence du fourrage est dégradée et sa teneur en azote soluble augmentée. A l’inverse, au-delà de 70 % MS, le développement de moisissures est courant et peut engendrer des pertes de fourrages.

Augmenter la densité du fourrage enrubanné

Selon Arvalis, à teneur en matière sèche équivalente, l’élévation de la densité est synonyme d’une meilleure évacuation de l’air et assure un démarrage rapide des fermentations, permettant de stabiliser le fourrage et de préserver sa qualité. La confection d’andains homogènes, dont le diamètre sera proche de celle du canal de la presse, permet d’optimiser la répartition du fourrage dans la chambre de compression. Avec les presses à balles rondes de type chambre variable, on peut atteindre des densités élevées (> 180 kg MS/m3). Par ailleurs, l’utilisation d’un dispositif de hachage type Rotocut permet d’accroître la densité des balles (+3 à +10 %) et contribue également à améliorer les fermentations en rendant accessibles les sucres solubles contenus de la plante par les bactéries.

La clé de l’enrubannage : le maintien des conditions anaérobies

A partir du moment où le film plastique n’est pas percé, les pertes durant la période de conservation des fourrages enrubannés sont souvent limitées. Selon les essais d’Arvalis, elles ne dépassent généralement pas 3% : « l’enrubannage est un mode de conservation dont la réussite tient en grande partie au maintien de l’intégrité du film plastique. Une simple perforation peut rompre l’anaérobie du milieu et engendrer des pertes significatives de matière organique. »

Le liage par filet permet d’aplanir la surface de la balle, en rabattant tiges et brins de fourrages rigides sur l’arrondi, limitant ainsi les risques de perforations. Si on opte pour le film, on veillera à adapter le nombre de couches à appliquer à la typologie du fourrage et de la durée de conservation prévue :

- 4 couches : graminées jeunes, pour une durée de conservation inférieure à six mois.

- 6 couches : graminées longue conservation ou luzerne jeune, pour une durée de conservation inférieure à 6 mois.

- 8 couches : luzerne longue conservation.

L’utilisation d’un film d’une largeur de 75 cm est préconisée pour un gain de temps à la pose, une meilleure étanchéité avec un recouvrement plus important et moins de raccords.

Enrubannage : le cas de la luzerne

La luzerne est un fourrage délicat. L’enrubannage permet d’éviter la perte des feuilles (qui peut occasionner une perte de rendement de 40 %) et une réduction des teneurs en protéines. Espèce pauvre en sucre comparée aux graminées ou au trèfle violet, la luzerne peut toutefois s’enrubanner si elle est récoltée au stade début bourgeonnement et à 60 % de matière sèche.

Pour cette espèce, la densité appliquée à la balle est primordiale pour garantir la qualité de la conservation : d’abord parce que cela provoque l’expulsion de l’air mais aussi en provoquant un éclatement des cellules et une mise à disposition du contenu cellulaire pour les bactéries lactiques. Les travaux de HAN et al. (dans MUCK, 2006) (1), mettent en évidence la corrélation positive entre la densité du fourrage et l’obtention d’un pH bas. Tout comme l’enrubannage de graminées, sa conservation peut être sécurisée par l’ajout d’un valorisateur de fourrage lors de la récolte. Soulignons que l’application de 6 à 8 couches de plastique réduit encore ce risque. Il faut cependant bien garder à l’esprit que le principal danger vient des chaumes rigides.

Préserver le film plastique pour conserver la qualité du fourrage

Le maintien de l’intégrité du film plastique garantit des conditions anaérobies durant le stockage. C’est un des points fondamentaux de la réussite de l’enrubannage. Limitez la manipulation des balles après enrubannage pour ne pas les percer, utilisez des pinces adaptées à la manutention et déposez-les à l’arrêt sous peine de cisailler le film plastique. Pour le stockage des fourrages enrubannés, on favorisera les surfaces planes et proches de l’exploitation, afin de garder un œil sur les balles tout au long de l’année. Si possible, loin d’une haie, à l’abri des rongeurs et des oiseaux.

Stockez les balles verticalement sur leur face plane. Si le foin était très humide, n’empilez pas les bottes. Si l’objectif de 50 à 60 % de MS est atteint, il est possible les empiler sur plusieurs niveaux. Une fois stocké, l’enrubannage ne doit plus être manipulé dans les trois semaines suivantes. En cas de perforations, réparez-les le plus rapidement possible avec un ruban adhésif spécial en polyéthylène, voire en re-filmant la balle.

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Et côté distribution des fourrages enrubannés ?

Il convient d’attendre environ trois semaines qui marque la fin de la fermentation lactique, avant la distribution des fourrages enrubannés. Le respect de ce délai est encore plus important pour les fourrages riches en protéines et ceux à pouvoir tampon élevés (c’est le cas de la luzerne !), car la baisse du pH sera plus lente. Rappelons enfin que l’enrubannage répond aux mêmes règles que l’ensilage, avec les risques de reprise de fermentations et de développement des moisissures et butyriques. Après ouverture, il sera donc nécessaire de le consommer rapidement pour conserver la qualité du foin.

Technique souple de la récolte à la distribution, l’enrubannage a trouvé sa place dans la gestion des systèmes fourragers de l’Hexagone.
Technique souple de la récolte à la distribution, l’enrubannage a trouvé sa place dans la gestion des systèmes fourragers de l’Hexagone.

Parlons coût des fourrages enrubannés

En prenant en compte les frais de récolte, de film, de main d’oeuvre et de stockage, la Fédération Nationale des Cuma a établi que la technique de conservation par enrubannage ne revenait pas plus cher que l’ensilage ou le foin.



Retrouvez sur aladin.farm une sélection de films d'enrubannage :



(1) Publication 2016 pour la revue "Fourrages" de A. Uijttewaal, S. Chapuis, Crocq, P. Lépée A 48% MS, une densité de 200 kg MS/m3 a permis d’obtenir un pH significativement plus bas qu’à 168 kg MS/m3. En 2006, BORREANI et TABACCO, ont étudié l’effet du hachage sur la conservation. Avec une longueur de coupe théorique de 9,3 cm, ils ont observé une baisse plus rapide du pH dans un essai sur luzerne à 49% MS, sans modification de la valeur finale par rapport à la modalité sans rotocut. En revanche, pour la modalité avec la teneur en MS la plus forte (61%), le pré-hachage du fourrage a permis d’obtenir un pH significativement plus bas.


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