La saison hivernale peut sembler s'étirer, mais déjà, dans les parcelles de colza, la végétation se prépare à reprendre vie. Ce moment charnière offre une opportunité précieuse pour évaluer la vitalité de vos cultures et inspecter attentivement vos champs à la recherche de signes d'infestation. Cependant, ne sous-estimez pas l'importance de mettre en place des dispositifs de surveillance pour anticiper l'arrivée des premiers ravageurs du colza. Lorsque les températures amorcent leur remontée, l'activité de ces nuisibles prend de l'ampleur, d'où l'importance de la vigilance précoce.
Au printemps, comme à l'automne, la gamme de ravageurs du colza à surveiller dans les parcelles est variée. Parmi les premiers à faire leur apparition figure le redoutable charançon de la tige du colza. Il est impératif de commencer l'observation dès que la végétation reprend, et de la poursuivre jusqu'à la fin de la montaison, particulièrement si la température maximale quotidienne dépasse les 9°C. Pour faciliter la surveillance de l'arrivée de ces insectes, il est recommandé de mettre en place des cuvettes jaunes.
En cas de capture, il ne faut pas tarder à passer à l'action. L'intervention insecticide doit avoir lieu dans les huit jours qui suivent les premières détections. Toutefois, il convient de prendre en compte la portance des champs pour s'assurer que les engins d'intervention peuvent accéder facilement aux zones nécessitant un traitement. Par ailleurs, il est essentiel de suivre de près les prévisions météorologiques pour planifier efficacement ces interventions. Conformément aux recommandations de l'institut technique Terres Inovia, il est possible d'utiliser des pyréthrinoïdes classiques en « ine », tels qu'alphaméthrine, cyperméthrine, deltaméthrine, gammacyhalothrine et lambdacyhalothrine pour combattre ces ravageurs redoutables.
Protégez votre culture de colza : l'importance de la cuvette jaune
Il est essentiel de souligner l'importance de la cuvette jaune en tant qu'outil indispensable pour les producteurs de colza. Ce dispositif doit être opérationnel dès la fin du mois de janvier afin de repérer les premiers vols d'insectes, une étape cruciale pour anticiper les menaces potentielles. La cuvette est judicieusement positionnée juste au-dessus de la végétation, et sa couleur jaune est intrinsèquement attractive pour les ravageurs.
Pour optimiser son efficacité, la cuvette doit être remplie d'un litre d'eau mélangé à quelques gouttes de produit vaisselle sans odeur. Cette stratégie a pour but d'empêcher les insectes de flotter et de les piéger plus efficacement. Il est recommandé de relever régulièrement les cuvettes, au moins une fois par semaine, pour suivre la croissance des cultures et surveiller l'activité des ravageurs. De plus, pour faciliter l'identification des insectes capturés, il est conseillé de les filtrer et de les déposer sur un papier absorbant. Cette démarche contribue à une meilleure compréhension des menaces potentielles et à une réponse adaptée pour protéger vos cultures de colza.
Méligèthes : réserver plutôt qu'éradiquer
Dans la lutte contre l'un des principaux ravageurs du colza, les méligèthes, la stratégie diffère des approches classiques, car l'objectif n'est pas d'éradiquer ces insectes, mais de maintenir leurs populations à un niveau tolérable pour que la floraison puisse s'engager sans retard significatif. Le seuil d'intervention dépend de plusieurs facteurs, notamment la vigueur de vos cultures de colza et le stade auquel les premiers méligèthes sont repérés.
Contrairement aux charançons de la tige du colza, les méligèthes sont résistants aux pyréthrinoïdes en « ine ». Cependant, il existe des alternatives efficaces telles que le taufluvinate et l'étofenprox. Pour préserver leur durabilité, il est recommandé d'adopter une approche d'alternance des modes d'action si plusieurs insecticides sont nécessaires au cours de la même campagne. En cas de risque avéré de présence simultanée du charançon et du méligèthe, le recours à l'étofenprox (Trebon 30EC) peut s'avérer judicieux. De plus, il est essentiel d'éviter d'intervenir dès l'apparition des premières fleurs, afin de minimiser les impacts sur la pollinisation.
En ce qui concerne la préparation de la bouillie, il est recommandé de prévoir au moins 200 litres d'eau par hectare, en évitant les volumes excessivement bas inférieurs à 100 litres par hectare. Cette approche plus réfléchie et axée sur la préservation contribue à maintenir un équilibre dans l'écosystème de votre culture de colza, minimisant ainsi les perturbations potentielles tout en protégeant votre récolte.
Optimiser la protection de vos cultures de colza contre les ravageurs : solutions et conseils
Les hivers doux peuvent être annonciateurs d'un risque accru de pucerons sur vos cultures de colza. La surveillance de ces ravageurs doit débuter dès la reprise de la végétation, en particulier si l'hiver a été clément. Une fois que la dessication des colzas démarre, le risque diminue, car les pucerons ne trouvent plus suffisamment de nourriture dans les plantes pour se rassasier. Plus important que le nombre de colonies de pucerons est la rapidité de leur évolution au fil des jours, un indicateur crucial pour sonner l'alarme. Si le pourcentage de plantes touchées augmente rapidement, il est temps de mettre en place une stratégie de lutte. Ces ravageurs, regroupés en colonies, peuvent faire l'objet d'un traitement ciblé.
Tout en étant cléments pour les agriculteurs, les hivers doux, peuvent parfois constituer une menace pour les cultures de colza. C'est pendant ces périodes que les pucerons, ces insectes redoutés, peuvent proliférer et menacer votre récolte.
Anticipation préventive : votre meilleure défense
La surveillance précoce des ravageurs du colza est essentielle pour protéger vos cultures. Si vous avez connu un hiver doux, soyez particulièrement vigilant. Dès que la végétation reprend, il est temps de commencer à surveiller attentivement vos champs. Les pucerons sont plus actifs lorsque les conditions sont favorables, et une fois que la dessication des colzas démarre, le risque de ravage diminue, car les pucerons ne trouvent plus suffisamment de nourriture dans les plantes pour se rassasier. Cependant, il ne suffit pas de compter le nombre de colonies de pucerons ; la rapidité de leur évolution est un indicateur crucial. Si le pourcentage de plantes touchées augmente rapidement, il est temps de sonner l'alarme et de mettre en place une stratégie de lutte.
Les pyréthrinoïdes : une solution efficace, mais à quel prix ?
Lorsque vous êtes confrontés à une forte infestation de pucerons, les pyréthrinoïdes autorisés peuvent être une première option. Cependant, il est important de noter que dans certaines situations, ces insecticides pourraient ne pas être suffisamment efficaces pour contrôler les ravageurs.
Les limites des Pyréthrinoïdes : les pyréthrinoïdes, bien que couramment utilisés, ne garantissent pas toujours une protection complète contre les ravageurs du colza. Dans les cas de fortes infestations, ces insecticides peuvent montrer leurs limites, ce qui nécessite la recherche de solutions alternatives.
Les alternatives prometteuses : heureusement, l'institut Terres Inovia propose une alternative intéressante : le recours à des spécialités telles que Mavrik Jet, une solution qui associe le pirimicarbe et le tau-fluvalinate. Cette combinaison peut se révéler plus efficace contre les pucerons du colza, même en période de floraison et lors de la production d'exsudats par les plantes. Lorsque la floraison approche et qu'il n'y a pas d'exsudats, Karaté K est une autre option viable à considérer.
La prudence envers les pollinisateurs : que vous optiez pour des pyréthrinoïdes, Mavrik Jet, ou Karaté K, il est essentiel de surveiller attentivement la présence de pollinisateurs dans vos champs avant d'appliquer tout traitement. La préservation de ces précieux insectes est cruciale pour maintenir l'équilibre de l'écosystème de votre culture de colza tout en protégeant votre récolte.
Charançon des siliques : protégez vos cultures de colza en observant les bords de parcelles
L'arrivée des températures au-dessus de 15°C signale une menace croissante : le charançon des siliques. Il est impératif de commencer la surveillance de vos parcelles dès le stade E (boutons séparés) et de la maintenir jusqu'au stade G4 (apparition des premières siliques bosselées). Vous pouvez suivre l'arrivée de ces ravageurs grâce aux bulletins de santé du végétal édités dans votre région de production. Cela vous permettra d'être alerté sur la nécessité de vérifier vos propres parcelles.
Les charançons des siliques : une entrée par les bords de champ
En général, les charançons des siliques pénètrent dans les colzas par les bordures de champ. Dans certains cas, un traitement uniquement en périphérie de votre parcelle peut suffire pour contrôler leur propagation. Toutefois, si le seuil de 1 charançon pour 2 plantes est atteint, il est temps de déclencher une intervention plus étendue.
L'importance du contrôle du charançon des siliques
Bien que la nuisibilité du charançon des siliques puisse sembler relativement faible, il est crucial de le contrôler. En effet, en limitant la propagation de ces ravageurs, vous réduisez également les infestations futures de cécidomyies. Les larves de ces dernières sont responsables de l'éclatement des siliques et il n'existe actuellement aucune solution insecticide efficace pour les combattre.
En conclusion, la protection de vos cultures de colza contre le charançon des siliques commence par une observation méticuleuse des bords de parcelles. Soyez attentifs aux seuils d'infestation et réagissez en conséquence pour préserver vos récoltes et garantir leur santé à long terme. La consultation des bulletins de santé du végétal est une ressource précieuse pour suivre l'évolution de cette menace dans votre région.
Prendre soin de vos auxiliaires : des alliés naturels pour protéger vos cultures de colza
La nature nous réserve bien des surprises, et parmi elles, une armée d'auxiliaires naturels qui jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les ravageurs du colza. Les coccinelles, les syrphes, les chrysopes, les parasitoïdes, les micro-hyménoptères, et bien d'autres encore, sont les gardiens de vos cultures. Leur simple présence peut parfois suffire à contrôler les populations de parasites. Mais comment pouvez-vous les protéger et encourager leur action bénéfique ?
L'observation avant l'action : un premier geste essentiel
Avant de dégainer le pulvérisateur, prenez le temps d'observer attentivement vos cultures. Les auxiliaires naturels pourraient déjà être au travail, s'occupant des ravageurs à leur manière. En les laissant effectuer leur travail, vous contribuez à une régulation naturelle de la population de parasites tout en minimisant l'utilisation d'insecticides.
Préservez les espaces semi-naturels
La préservation d'espaces semi-naturels dans vos zones de culture est une étape cruciale pour favoriser ces insectes utiles. Les haies, les jachères fleuries, les fossés, et autres aménagements similaires, offrent gîte et couvert à ces précieux auxiliaires. En fournissant un habitat stable et une source de nourriture, vous créez un environnement favorable à leur établissement et à leur prolifération.
Pour en savoir plus sur la préservation des auxiliaires naturels et les moyens de favoriser leur action dans vos cultures de colza, le site Arena vous propose sa source d'informations pour une gestion durable. Il compile toutes les données nécessaires pour observer, comprendre, piloter, et échanger sur les régulations naturelles. Grâce à cette plateforme, vous pourrez prendre des décisions éclairées pour une gestion durable de vos cultures, tout en préservant l'équilibre de l'écosystème agricole.
Prendre soin de vos auxiliaires naturels est une démarche bénéfique à la fois pour vos cultures et pour l'environnement. En favorisant leur présence et en évitant des traitements excessifs, vous contribuez à une agriculture plus respectueuse de la nature et plus durable à long terme.
Préserver les pollinisateurs : des directives claires pour protéger vos cultures de colza
En plus de veiller à vos auxiliaires naturels, il est impératif de protéger les pollinisateurs qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation de vos cultures de colza. La réglementation est claire : pendant les périodes de floraison et de production d'exsudats, toute application d'insecticide et d'acaricide sur les cultures visitées par les pollinisateurs est interdite, à l'exception des produits portant la mention "abeille."
Pour savoir si un produit est autorisé en floraison et/ou au cours des périodes d'exsudats, consultez l'autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette mention spécifie les conditions d'utilisation du produit. Il est essentiel de suivre scrupuleusement ces directives pour éviter tout risque pour les abeilles.
L'heure du traitement :
Pour minimiser les risques pour les pollinisateurs, il est recommandé de traiter les cultures dans les trois heures avant ou après le coucher du soleil. À ces heures, les abeilles sont moins actives et moins susceptibles d'être présentes dans les champs.
Les limitations en période de floraison :
Pendant la période de floraison, il est crucial de respecter certaines restrictions pour garantir la sécurité des pollinisateurs. Il est interdit de mélanger pyréthrinoïdes et triazoles ou imidazoles. Cependant, si l'utilisation de ces produits est incontournable, appliquez-les à 24 heures d'intervalle, en commençant par la pyréthrinoïde.
En somme, protéger les pollinisateurs est une étape essentielle pour préserver la biodiversité et assurer le succès de vos cultures de colza. Le respect des règles réglementaires, l'utilisation de produits autorisés, et le choix judicieux des horaires de traitement contribueront à une agriculture respectueuse de l'environnement et de ses acteurs essentiels.
