Le label Zéro résidu de pesticides, porté par plusieurs organisations de producteurs, se pose en troisième voie de l’agriculture, une alternative à l’agriculture conventionnelle ou au 100% bio, en étant porteuse d’obligations de résultats et pas seulement de moyens. Le label est strict. Près d’une parcelle sur deux n’est pas conforme. Reste à en faire la pédagogie auprès des consommateurs.
Quand on cherche, on trouve… Le collectif Nouveaux Champs fédérant 62 organisations de producteurs, soit plus de 6.000 agriculteurs, est bien décidé à battre en brèche l’adage au sujet des résidus de pesticides. Moins de deux ans après sa création et quelque 59 millions d’euros cumulés de chiffre d’affaires, dans les principales enseignes de la grande distribution, en fruits et légumes frais pour l’essentiel et transformés depuis peu, sans compter les céréales et le vin, le défi du zéro résidu de pesticides tient toujours. Il n’est pourtant pas mince.
Limites quantifiables définies par l’UE
Jugez plutôt. Les analyses sont réalisées par des laboratoires indépendants accrédités Cofrac. Elles ciblent bien évidemment les matières actives homologuées sur la culture concernée mais pas seulement. Les molécules retirées du marché mais rémanentes (néonicotinoïdes), celles controversées (glyphosate), celles pouvant provenir de cultures environnantes, ainsi que les métabolites de dégradation dont les résidus sont réglementés sont également traqués. Actuellement 521 substances actives sont homologuées en France et que la règlementation a établi une Limite maximale de résidus (LMR) pour 310 d’entre elles. « Notre méthodologie ne repose pas sur un screening », détaille Julie Sabourin, responsable qualité et technique chez Nouveaux Champs. « Elle englobe toutes les substances qui pourraient générer des contaminations croisées. Elle repose également sur une analyse de risque, incluant la malveillance, au champ, en station ou encore en magasin où les produits sont présentés sous emballage ».
Le label ZRP (Zéro résidus de pesticides) affiche cependant la mention « dans les limites de quantification ». « Cette notion est encadrée par le document santé 11813/2017 établi par la Commission Européenne », poursuit Julie Sabourin. L’absence de résidu est déterminée, pour chaque substance active analysée, par un résultat inférieur à la limite de quantification, plus petite valeur quantifiable par les laboratoires avec une précision acceptable. A l’heure actuelle, les performances des instruments de mesure conduisent pour la majorité́ des résidus à une limite de quantification de 0.00001 g/kg.
51% de lot non labellisés, 51% d’IFT en moins
Chaque lot est systématiquement analysé. Par lot, le label entend un producteur, une parcelle, éventuellement une variété et enfin un itinéraire cultural. A ce propos, tout est mis en œuvre en amont pour réduire le recours aux pesticides via différents leviers techniques et agronomiques (variétés résistantes, auxiliaires…). « En moyenne, une parcelle sur deux n’est pas conforme au label tout en étant en-deçà des LMR », indique Julie Sabourin. Sur une base de 492 parcelles, les producteurs de fruits et légumes engagés en ZRP ont réduit en 2018 leur Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT) de 51%, comparativement au conventionnel.
Comme la démarche Haute Valeur Environnementale (HVE), le label ZRP ne porte pas uniquement sur des obligations de moyens mais bien sur des obligations de résultats. La valorisation finale se situe également entre les deux. Après un démarrage en trombe, le prochain défi sera de sensibiliser les consommateurs. « La promesse est claire mais la démarche est complexe », admet Julie Sabourin. Le label ZRP ne concerne que des productions 100% françaises.
Un besoin d’emballages à l’heure du vrac ?
L’emballage fermé des produits labellisés garantit la promesse du label ZRP, en évitant les risques de contamination croisée et de perte de traçabilité́ sur le point de vente. Problème : deux français sur trois affirment vouloir privilégier les produits en vrac. Afin de répondre à cette (autre) attente des consommateurs, il sera nécessaire de construire un nouveau schéma de distribution sécurisé́ capable de répondre à ces deux enjeux.
Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.
