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Coronavirus et filière céréalière : «n’oublions pas l’importance des échanges commerciaux»

CéréalesCrédit photo : Julie Guichon

75% de la campagne céréalière était déjà engagée lorsque la crise sanitaire du Covid-19 est arrivée sur le territoire. Philippe Mitko, responsable des affaires publiques chez InVivo Trading, dresse un état des lieux de la filière et rappelle que la crise du coronavirus « n’a donc pas eu d’impacts majeurs sur le flux des marchandises de céréales pour la récolte 2019. »

Contrairement aux marchés de la semoule et des pâtes plutôt florissants, des impacts négatifs brutaux se sont ressentis sur les filières meunières et brassicoles. « Les stocks se sont développés chez les malteurs du fait de la crise, avec une incidence économique conséquente », constate Philippe Mitko. Selon les filières, FranceAgriMer estime une perte annuelle de chiffre d’affaires de l’ordre de 5 à 15% (5 à 7% pour la meunerie et 10 à 15% pour le secteur brassicole).

Une filière céréalière qui peut se féliciter : vers une forte campagne d’exportation

Philippe Mitko souligne la bonne organisation française et européenne des services logistiques, de l’interprofession des céréales et de l’administration. « Nous avons bénéficié d’une organisation vraiment à la hauteur avec des dialogues hebdomadaires voire quotidiens. Nous avons pu être efficaces et réactifs, au prix d’un effort important en termes de logistique ferroviaire, maritime ou routière». La filière export n’a donc pas connu de baisse d’activité. Malgré les tensions logistiques ou de mise en quarantaine des bateaux, certains pays ont souhaité consolider leurs stocks. « Nous allons faire la plus grosse campagne d’exportation de blé vers les Pays tiers avec 13,5 millions de tonnes contre 8 à 12 millions de tonnes habituellement». Par ailleurs, la tension sur les flux de transport, ressentie au niveau des frontières européennes notamment polonaises, hongroises, slovènes et italiennes, « a été heureusement rapidement gérée grâce aux « green lanes ». Ces voies prioritaires ont permis d’assurer les flux de céréales vers les grandes zones de consommation ».

Philippe Mitko
Philippe Mitko, responsable des affaires publiques chez InVivo Trading

Pas de rupture dans les importations

Même constat pour les importations françaises qui n’ont pas subi de rupture d’approvisionnement de matières premières protéiques. « La filière import n’a pas failli malgré les quelques tensions que nous avons endurées, comme dans toute période à risques sur un marché stressé. La crise sanitaire a impacté le prix du blé mais pas de façon exceptionnelle comme nous avions pu le connaître en 2010. À cette époque, pour des raisons fondamentales de déficit de production, nous avons assisté à des fluctuations comprises entre 180 et 300 euros par tonne. Durant le Covid-19, ces variations ont été comprises entre – 15 et + 20 euros par tonne avec un prix actuel proche de 180 €/T, niveau pratiquement le plus bas de la crise. »

Filière éthanol à l’arrêt : des stocks de maïs à un niveau historique

Aux Etats-Unis, la crise du Covid-19 a conduit à l’arrêt quasi-total de la consommation de l’éthanol dans les carburants, exposant ainsi le marché à «  des hausses de stocks de maïs qui s’ajoutent à une récolte abondante en 2019 et une guerre commerciale qui perdure avec la Chine. Les rendements américains pour 2020 s’annoncent plutôt abondants, même s’il est encore trop tôt pour en être sûr. Les volumes prévisionnels s’estiment à près de 400 millions de tonnes à ajouter au stock actuel. C’est historique ! Deux à trois ans seront sans doute nécessaires pour rétablir la situation. La conséquence sera un risque d’effondrement du cours du maïs avec une influence négative sur le cours des autres céréales. »

Pour la France, la récolte à venir ne s’annonce pas aussi faste. Les conditions climatiques difficiles lors des semis dans certaines régions et la baisse de 7% des surfaces en blé en ont les principales causes. « Nous prévoyons cette année 32 à 33 millions de tonnes de production de blé contre 39,6 millions de tonnes l’an dernier, avec une perte moyenne de 8 à 10 quintaux par hectare. Pour l’orge, la diminution de production semble moins marquée grâce à des hausses de surfaces. Pour le maïs et le tournesol, les perspectives sont plutôt favorables. »

La crise du Covid-19 a mis en lumière la bonne organisation de la filière agricole française, « qui a montré sa capacité de résilience. Nous avons fait gagner le collectif et nous pouvons nous en féliciter. La filière française me semble en sortir grandie et reconnue !

Des échanges commerciaux indispensables mais à contrôler

Selon les années, 40 à 60% des volumes vendus par l’Union Européenne vers les pays Tiers proviennent de la France. « Ces pays, clients et amis, comptent sur nous pour leurs approvisionnements et réciproquement. Ils contribuent à nous fournir des débouchés pour nos céréales. L’équilibre de nos échanges commerciaux évite les crises alimentaires et garantit la paix. C’est une importance notion à ne pas oublier. Nous sommes interdépendants les uns des autres. Nous ne pouvons donc pas baser toute l’évolution de notre système alimentaire uniquement sur l’augmentation de la qualité nutritionnelle des produits de base. Il faut aussi conserver notre attention sur leur compétitivité pour éviter d’avoir à importer et maintenir notre production française. C’est une vraie question de souveraineté nationale : la meilleure façon d’être indépendants, c’est d’être compétitifs et exportateurs ! »



Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.

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