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Le semis de prairie sous couvert de méteil

Le semis de prairie sous couvert de méteil

Le semis de prairie sous couvert d’un mélange céréale protéagineux d’hiver est une technique validée dans l’Ouest. Elle permet de s’affranchir de la sècheresse de fin d’été tout en produisant de la biomasse supplémentaire en méteil ensilage ou en grain. Et à l’arrivée, la garantie d’une belle implantation de prairie.

Sommaire

  • Semer à contre-courant

  • Avantage à l’automne

  • Et les ensilages précoces ?

  • Ce qu’il faut retenir


Dans l’Ouest, les semis de prairies sont de plus en plus difficiles à réussir, les conditions climatiques idéales étant rarement réunies. Les semis de fin d’été (mi-août à mi-septembre) souffrent souvent d’une sécheresse estivale qui s’éternise et compromet la germination. Quant aux semis en sortie d’hiver (mi-mars à mi-avril) ils peuvent être confrontés à un excès d’eau hivernal empêchant d’entrer sur les parcelles et une sécheresse précoce dès le mois de juin qui fragilise les jeunes pousses. La difficulté est de plus accentuée par l’utilisation d’espèces pérennes à implantation lente (fétuque élevée, dactyle, fléole, pâturin des près, trèfle hybride ou du lotier corniculé) qui composent désormais les mélanges prairiaux. « Comparé à un classique raygrass anglais trèfle blanc, la prairie à flore variée atteint des niveaux de salissement important« , souligne Bertrand Daveau de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou.

Semer à contre-courant

Pour contourner le problème, l’idée est venue d’implanter les prairies sous couvert d’une céréale ou d’une association céréale protéagineux (cerpro). Trois avantages à cela, la date de semis est décalée, le salissement en phase d’installation est réduit et la production de biomasse est augmentée. Cette technique est connue en semis de printemps avec l’implantation d’une prairie (souvent une luzerne) sous couvert d’une orge ou d’une avoine. « On sème en simultané à la mi-mars, en deux passages, la céréale à 2-3 cm de profondeur puis la prairie en surface, et on roule. » Plus novateur est le semis de la prairie sous couvert d’un cerpro d’hiver. La ferme expérimentale a essayé deux itinéraires. Soit le semis a lieu à la mi-octobre, toujours en simultané avec la même méthode qu’au printemps. Soit le cerpro d’hiver est semé à l’automne et la prairie est sursemée à la mi-mars dans un méteil en place, juste après un passage de herse étrille. Dans les deux cas, le méteil peut être récolté en ensilage tardif au stade laiteux pâteux de la céréale pour un maximum de biomasse, ou en ensilage précoce (fin avril début mai) au stade floraison des protéagineux pour obtenir des fourrages à haute valeur protéique, ou en troisième option en grain à maturité. Ces itinéraires ont l’avantage de limiter les interventions mécaniques et le recours aux herbicides.

Plusieurs mélanges ont été testés. Les prairies de courte durée composées d’une flore agressive de type raygrass d’Italie ou raygrass hybride associé à du trèfle violet, s’installent rapidement et limitent fortement le risque de salissement. Les prairies de longue durée sont les mélanges à flore variée peu agressifs ou l’emblématique raygrass anglais trèfle blanc assez rapide à l’implantation. Dans les différents essais, les méteils ou cerpro sont semés à pleine dose, 150 à 200 kg/ha selon les PMG, tout comme les prairies (20 à 27 kg/ha).

Avantage à l’automne

Retour d’expérience de Thorigné d’Anjou quant à la période d’implantation. Le mélange triticale (300 gr/m2) pois fourrager (15 gr/m2) vesce (15 gr/m2) semé à la mi-octobre, en même temps que la prairie multi espèces à 27 kg/ha, et ensilé tardivement mi-juin est la solution la plus robuste en matière de productivité. « On a plus de biomasse du méteil, moins de salissement, une prairie mieux installée et plus productive sur l’été automne. » Le bonus est aussi de libérer la parcelle tôt, la prairie subissant ainsi moins la concurrence pour l’eau et bénéficiant d’un accès précoce à la lumière. Cette technique est désormais généralisée sur la ferme. Le sursemis de la prairie dans le méteil au printemps est beaucoup plus aléatoire. D’une part, il est parfois retardé à cause des conditions météo, d’autre part le passage de herse étrille détruit des plants de triticale et pois, enfin la jeune prairie produit peu la première année. Le même constat est posé avec une récolte en grains. Conclusion, que ce soit pour récolter en grain ou en ensilage, « implantez à la mi-octobre, le même jour, l’association céréale protéagineux et la prairie ! »

Cumul de biomasse
Cumul de biomasse en 1ère année

Des rendements préservés

Si l’on envisage une récolte du cerpro à maturité, la prairie peut exercer une compétition lors de la phase de remplissage des grains. Le choix des espèces revêt donc une grande importance pour pallier le phénomène. Il ressort des essais que si la céréale est couvrante (triticale-pois fourrager par exemple) et la prairie peu agressive (de type multi espèces), l’impact sur le rendement grain de la céréale est modéré, de 0 à -30 %. Il apparaît également que faire varier la densité de semis du cerpro (+/- 17%) et de la prairie à flore variée (+/- 25%) n’a pas d’incidence sur leur productivité respective, ni sur la qualité de l’implantation de la prairie. Mieux vaut conserver les doses classiques.

A noter que la productivité de la prairie multi espèces en été automne est quasi identique (1,5 tonnes de MS/ha) que le cerpro soit récolté en ensilage au 15 juin ou en grain un mois plus tard. C’est le taux de légumineuses l’année suivante qui semble un peu plus faible quand le cerpro est récolté en grain. Par expérience à Thorigné, « après une récolte en grain, les animaux pâturent pour nettoyer les chaumes et les graminées et donner ainsi de la lumière au trèfle, cela augmente la part des légumineuses dans la prairie"

C’est une évidence, plus les précipitations estivales sont importantes, plus la prairie produit de biomasse la première année. En revanche, que l’année 1 soit sèche (2012, 0,5 tonnes de MS/ha) ou pluvieuse (2014, 2 tonnes de MS/ha), la prairie a une productivité similaire en année 2 : 8,2 tonnes de MS/ha en 2013 et 7,6 tonnes de MS/ha en 2015. « Même si on a peu de rendement en été automne en année sèche (n), la prairie semée en octobre (n-1) avec le cerpro, est bien implantée et elle s’exprime pleinement l’année suivante (n+1). »

Biomasse selon les précipitations
Biomasse selon les précipitations

Et les ensilages précoces ?

La recherche se poursuit dans les Pays-de-la-Loire sur un ensilage précoce du méteil. « L’idée est d’augmenter la valeur protéique du cerpro, de valoriser la prairie avant la sécheresse estivale et de favoriser l’installation de la prairie. » Il y a encore peu de recul sur la question mais déjà les mélanges renforcés en protéagineux offrent des fourrages avec des taux de MAT de 15 à 20 % et des productivités allant de 4 à 6 tonnes MS/ha. On sait aussi que plus la récolte est précoce, plus la prairie peut contenir d’espèces agressives. « Les conditions de portance pourraient être la principale limite des récoltes précoces en conduisant à un tassement excessif, préjudiciable à la prairie. » Le bon compromis entre matière sèche, matière azotée, risque de verse, dynamique de la flore prairiale et coût à l’hectare reste à trouver.

Compromis MS produit - MAT produite
Compromis MS produit - MAT produite



Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.

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