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Biocontrôle en grandes cultures : des solutions en développement

la France est l’un des pays pionniers en matière de biocontrôle

Biocontrôle en grandes cultures : des solutions en développement

Dans le cadre de la réduction des utilisations des produits phytopharmaceutiques, les solutions de biocontrôle représentent une alternative intéressante. Si la France est l’un des pays pionniers en la matière, le développement des produits se fait très progressivement. Et notamment le biocontrôle en grandes cultures, pour lesquelles la gamme reste plus restreinte qu’en cultures spécialisées, comme l’arboriculture.

Dans l’Hexagone, c’est la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 qui a permis d’introduire la mise en place d'une règlementation nationale spécifique au biocontrôle. Depuis, les produits concernés disposent d’une définition officielle dans le Code Rural et de la Pêche Maritime, qui s’est progressivement enrichie au fil des années. Selon l'article L. 253-6, il s’agit d’« agents et des produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. » Y sont précisées les différentes catégories :

•      Les macro-organismes, comme les nématodes, les invertébrés, les acariens ou les insectes.

•      Les produits phytopharmaceutiques qui sont composés de micro-organismes (champignons, bactéries, virus), de médiateurs chimiques, tels que les phéromones et les kairomones, ou de substances naturelles d’origine végétale, animale ou minérale.

Selon la dernière note de service officielle de fin décembre 2022, plus de 700 produits phytopharmaceutiques de contrôle disposent d’une autorisation de mise sur le marché. Concernant les macro-organismes, ils sont au nombre de 448 dans la liste élaborée par l’ANSES.

Développement du biocontrôle : une volonté française…

C’est désormais bien ancré dans les esprits, la tendance est à la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques « conventionnels », afin de préserver l’environnement et la santé humaine. Le plan Ecophyto II+ prévoit ainsi une diminution de 50 % d'ici à 2025, par rapport à 2008. De nombreux leviers techniques y contribuent, notamment le recours à des solutions de biocontrôle. C’est pourquoi, dans le cadre de la loi Egalim, a été établie une stratégie nationale de déploiement du biocontrôle 2020-2025. Une volonté reconfirmée dans le plan France 2030, pour « Engager la troisième révolution agricole, disposer de chaînes alimentaires respectueuses de la biodiversité, et d’agroéquipements intelligents.». L’une des mesures : le Grand Défi « Biocontrôle et biostimulants » pour soutenir et développer ces filières.

IFT et biocontrôle

Les solutions de biocontrôle peuvent être appliquées seules ou combinées à un produit conventionnel, avec pour conséquence la baisse de l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) global de l’exploitation. A savoir que seules celles qui sont soumises à autorisation de mise sur le marché, c’est-à-dire composées de substances phytopharmaceutiques, sont classées dans un IFT spécifique biocontrôle. Cet IFT biocontrôle est consigné à titre informatif mais ne rentre pas dans le calcul du bilan final.

… et de l’Union Européenne

Ces objectifs nationaux sont en totale adéquation avec ceux de l’Union européenne (UE), qui vise une réduction de 50 % des pesticides d’ici 2030 dans le cadre de la stratégie "De la ferme à la table", l'une des initiatives clés du pacte vert pour l'Europe. Concernant le biocontrôle particulièrement, il devrait avoir une place officielle dans le texte SUR (Substainable Use of pesticids Reglementation), proposition législative mise en place par la Commission européenne en juin 2022. Il s’agit du prolongement du texte SUD – D pour directive -, qui encadre l’utilisation des pesticides compatible avec le développement durable, et dont la déclinaison en France est le plan Ecophyto. Ce texte SUR vise une meilleure harmonisation des pratiques entre les Etats membres et un renforcement des mesures de la directive, pour une réduction des usages et des risques liés.

Lors des 9es Rencontres Annuelles du Biocontrôle du 31 janvier 2023, Maud Faipoux, directrice générale de l’Alimentation au Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, a précisé que « le projet SUR va offrir une nouvelle voie pour le biocontrôle (…). Il va permettre pour la première fois une définition européenne. » Elle a ainsi souligné l’importance d’un discours commun dans l’UE sur ce sujet, et que les futurs réglementations et usages, puissent être basés sur cette définition. Le texte est encore en cours de négociation au Conseil des 27 Etats-membres et au parlement européen, sans échéance connue pour le moment. Selon Maud Faipoux, « On parle de plusieurs mois, voire plusieurs années pour aller jusqu’au bout de ce règlement. »

Quelles utilisations des produits de biocontrôle dans les exploitations ?

En 2021, une enquête réalisée auprès des exploitations a été commandée par IBMA France, une association regroupant les entreprises de produits de biocontrôle qui agit pour leur promotion et leur développement.

L’objectif : mesurer l’usage du biocontrôle et de sa perception par les agriculteurs. Sur une base de 350 réponses, elle a permis de mettre en évidence l’intérêt croissant pour ce type de produit. En effet, deux agriculteurs sur trois affirment utiliser des produits de biocontrôle, contre deux sur cinq dans une enquête similaire menée trois ans plus tôt.

Autre constat, « Toutes les cultures et tous les modes de production sont utilisateurs de produits de contrôle », a indiqué Céline Barthet, présidente d’IBMA lors d’une restitution en vidéo. L’enquête met toutefois en évidence un léger décalage entre l’agriculture biologique (79 %) et l’agriculture conventionnelle (66%).

Et que le biocontrôle est davantage implanté dans le secteur viticole (9 producteurs sur 10) qu’en polyculture élevage (2 sur 5), avec entredeux, l’arboriculture et le maraîchage.  Les bénéfices cités par les utilisateurs ? « la qualité sanitaire des produits, ce qui peut être valorisable dans les labels,  la santé de l’applicateur et en terme d’image, c’est également plus facilement valorisable. », a précisé Céline Barthet. Parmi les non-utilisateurs, ¼ d’entre eux ont déclaré qu’ils en utiliseront sûrement dans les prochaines années, et un sur deux serait prêt à étudier cette option.

Aussi, « plus d’un agriculteur sur cinq estime que l’emploi du biocontrôle lui a permis une meilleure valorisation économique de sa production et près d’un agriculteur sur trois un accès à certains débouchés. » Des chiffres encourageants pour l’avenir du biocontrôle.

Le phosphonate, nouveau venu dans les produits de biocontrôle en grandes cultures

Comme le souligne Denis Longevialle, aujourd’hui directeur général d’IBMA France, dans une interview de février 2022, « En agriculture, il existe davantage de solutions de biocontrôle pour les cultures spécialisées (en viticulture, en arboriculture et pour le maraîchage) que de biocontrôle en grandes cultures (céréales, oléagineux, protéagineux, betteraves, pommes de terre…). »

A ce jour, un peu plus d’une trentaine de substances biocontrôle en grandes cultures est autorisée. Parmi elles, se trouvent notamment le traditionnel soufre, à action fongicide sur l’oïdium et la septoriose ; le phosphate ferrique contre les limaces ; l’huile de menthe verte, un antigerminatif de la pomme de terre ; le spinosad contre les taupins ; la bactérie Bacillus subtilis contre le sclérotinia…

Le phosphonate de potassium est l’une des dernières nouveautés à avoir fait son entrée sur le marché en 2022 : il permet notamment d’intervenir sur la septoriose du blé et sur le mildiou de la pomme de terre. Chacune de ces substances phytopharmaceutiques peut ensuite être déclinée en plusieurs produits, selon la firme qui a obtenu l’homologation. Du côté des macro-organismes, citons les plus connus : les trichogrammes (Trichogramma brassicae) pour lutter contre la pyrale du maïs.

Face à cette gamme plutôt restreinte, soulignons que le recours au biocontrôle rencontre également des freins sur le terrain : le manque de preuves d’efficacité, le manque d’accompagnement (formations et informations) et le coût des produits, sont notamment cités dans l’enquête menée par l’IBMA en 2021.

Ainsi, ces innovations demandent sans doute un peu plus de technicité de la part des utilisateurs. Comme tout produit, il s’agit évidemment de respecter les conditions d’emploi pour en assurer l’efficacité. Il est nécessaire de bien connaître le bioagresseur concerné (cycle, dégâts…), avec la mise en place d’un suivi régulier. Il est nécessaire aussi d’appréhender finement le fonctionnement du produit, qui peut être différent des substances utilisées en conventionnel, et peut alors poser questions sur le mode d’action, le positionnement par rapport à la maladie, du délai d’observation du délai des résultats d’efficacité…

Avec l’appui des politiques française et européenne, la recherche sur ces solutions devrait permettre de développer la gamme en grandes cultures. En parallèle, les propositions de formations devraient fleurir. Le biocontrôle a de beaux jours devant lui.


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