Dans les bâtiments agricoles, les rongeurs peuvent être sources de nuisances : consommation des grains en stockage, dégradation des lots par les souillures, transmission de maladies aux animaux comme aux humains…Voici quelques recommandations pour une lutte contre les rongeurs efficace.
Les principales races de rongeurs présentes dans les silos agricoles français – rats noirs (ou rats des champs ou des greniers), surmulots et souris – sont omnivores, donc granivores : ils raffolent donc des graines qui peuvent être stockées dans les silos. Ce qui va impacter le volume des denrées destinées à la vente ou à l’alimentation des troupeaux. Mais aussi jouer sur la qualité, par la présence de déjections, poils…, et augmenter les risques de propagation de maladies comme le typhus, la toxoplasmose, la leptospirose, la salmonellose… Résultat : les matières premières sont rendues impropres à la consommation. En parallèle, la présence de rongeurs en élevage peut stresser les animaux, jusqu’à la perte de productivité. Dans tous les cas, les conséquences en termes économiques ne sont pas négligeables.
Sans compter d’autres dégâts qui peuvent également être observés sur des éléments de l’environnement : fils électriques, boiseries, isolation, conduits…
C’est pourquoi il est nécessaire de raisonner la lutte contre les rongeurs, qui peuvent vite coloniser les bâtiments.
De quelles espèces de rongeurs faut-il se méfier quand on stocke du grain ?
Un point commun aux rongeurs présents dans les silos, qui leur confère un grand pouvoir de nuisance : une capacité de reproduction rapide, et donc exponentielle. Le rat noir et le surmulot peuvent atteindre la maturité sexuelle à l’âge de trois mois, les souris, dès deux mois. La gestation durant une vingtaine de jours en moyenne, les femelles peuvent avoir plusieurs portées par an (3 à 6 pour les types Rattus, jusqu’à 10 pour les souris), avec 6 à 12 petits pour chacune.
Avec une couleur gris foncé / noir, le rat noir (Rattus rattus) mesure entre 15 et 20 cm et a la particularité d’avoir une queue plus longue que le corps, jusqu’à 25 cm.
Le surmulot (Rattus norvegicus) est brun, et mesure entre 19 et 26 cm. Pour le distinguer du rat noir, il faut réussir à pouvoir observer sa queue, qui atteint entre 17 et 23 cm, mais ne dépasse pas la taille de son corps.
La souris grise (Mus musculus) est, comme tout le monde le sait, plus petite, le corps et la queue pouvant mesurer chacun entre 7 et 10 cm.
Tous trois sont des espèces qui sortent au crépuscule, pour mener leurs activités en nocturne.
Prévenir les risques d’apparition des rongeurs nuisibles
Pour limiter les infestations de rongeurs, plusieurs actions préventives peuvent être mises en place dans les bâtiments de stockage.
Il est indispensable d’assurer un nettoyage régulier des locaux – jeter les sacs d’aliments, balayer, … - pour ne pas laisser l’opportunité aux rongeurs d’installer leurs nids et donc de proliférer.
Il faut également vérifier toutes les possibilités d’accès aux bâtiments : conduits d’aération, bouches d’égout, trous et fissures par lesquels les rongeurs peuvent facilement se faufiler… Pour les ostruer, on peut installer du grillage, - sur le bas des portes - des joints de brosse, ou pour les plus petites ouvertures, appliquer du mastic ou du ciment, étanche et ignifuge, et contenant éventuellement de substances répulsives.
Les abords du bâtiment méritent également une attention particulière. Les matériels - bidons, fûts, palettes, … - mais aussi les zones enherbées peuvent en effet servir de refuges aux rongeurs. Il faut donc tout débarrasser autour et tondre régulièrement l’herbe.
Surveiller l’activité des rongeurs…
En raison de l’activité nocturne des rongeurs, il n’est pas toujours évident de détecter les premières infestations. Inspecter fréquemment les bâtiments de stockage peut être utile pour repérer la présence de crottes, des traces de passage, d’éventuels dégâts… Pour s’aider, il est possible d’installer quelques appâts avec ou sans substance active (comme de la pâte placebo ou des pièges mécaniques (nasses à rat, tapette, colle glue…) positionnés dans les endroits à risque et à l’abri des regards et des animaux domestiques (à l’intérieur de boîtes en plastique ou carton, des morceaux de gouttières, sous des planches …). Le contrôle régulier du niveau de consommation des appâts et/ou des pièges va aboutir, si nécessaire, à l’élaboration d’une stratégie de lutte de plus grande envergure.
…et poser des appâts rodonticides ou des pièges si nécessaire
Un traitement curatif peut être envisagé si l’infestation est avérée. Les produits les plus couramment utilisés sont à action lente (2 à 4 jours), permettant d’éviter que les rongeurs fassent le lien entre l’ingestion et la mort de leurs congénères. Il s’agit essentiellement de rodonticide formulés à base de substances actives anticoagulantes telles que bromadiolone, brodifacoum, difénacoum, diféthialone… Des solutions plus foudroyantes existent, comme l’alphachloralose. Mais elles entraînent davantage de méfiance chez les animaux, avec une consommation qui décroît progressivement.
Les appâts sont commercialisés sous différentes formes. Il existe notamment des grains d’une même espèce de cultures appétentes ou en mélange (avoine, tournesol, blé…), imprégnés d’une des substances actives autorisées. On trouve également de la pâte huilée à base de matières grasses utilisées en tant qu’exhausteurs de goût, des blocs qui agglomèrent céréales et matière active pouvant être rongés, ou encore de crème adaptée aux endroits les plus difficiles d’accès.
Le choix de la matière active et/ou de la forme du rodonticide va dépendre des rongeurs ciblés.
Dans tous les cas, les appâts sont placés à l’intérieur et à l’extérieur, dans des postes d’appâtage ou de points couverts et sécurisés, pour les protéger des intempéries et de la poussière :
- Pour les surmulots, au niveau du sol, dans des boîtes en plastique en cas d’humidité ;
- Pour les rats noirs, en hauteur, sur les poutres, faîtes de mur… ;
- Pour les souris, aux endroits où des crottes sont repérées.
Les postes doivent être régulièrement vérifiés, au moins tous les deux jours pendant la première quinzaine de campagne de lutte contre les rongeurs, et réapprovisionnés si besoin, jusqu’à l’arrêt des consommations. A ce terme, les appâts restants doivent être éliminés, tout comme les emballages, dans les circuits de collecte dédiés.
En complément, il est possible d’installer des pièges, mécaniques, qui offrent une certaine efficacité d’action.
