Dès le retour de la belle saison, les bovins, laitiers ou allaitants, passent la majorité de leur temps à l’herbe. Pour optimiser le pâturage, comme la récolte éventuelle de foin, prêter une attention toute particulière aux clôtures est capital. Voici quelques éléments de raisonnement pour faire les bons choix.
Définir ses besoins en clôture
Dans un premier temps, il est nécessaire de se pencher sur votre parcellaire afin de visualiser les contours de la clôture nécessaire et d’en définir la longueur. Il faut ensuite déterminer si c’est une clôture mobile ou permanente qu’il vous faut. Pour une clôture mobile, on peut opter pour des piquets en plastique, en fibre de verre ou plastique et d’un fil électroplastique, mais aussi des ‘araignées de prairie’ (voir encadré). Pour celles qui sont permanentes, il s’agira de choisir un matériel durable, résistant et facile d’entretien : plutôt utiliser des piquets en bois ou en fer, et des fils barbelés ou électriques lisses. Dans le cas de clôtures enlevées au moment de chantiers de fauche ou d’épandage, l’idéal est de poser des piquets en fer ou en fibre et des fils en acier.
Réussir la pose de sa clôture électrique
Pour installer une clôture électrique, il est nécessaire de disposer du bon matériel et de ne pas négliger la prise de terre.
Côté matériel, l’électrificateur, qui fournit le courant, est raccordé à la clôture, et à la prise de terre avec des câbles doublement isolés. Le choix dépendra de la longueur de la clôture, sur la base d’1 joule par kilomètre. Jusqu’à 2000 mètres, une alimentation sur pile peut suffire. Au-delà, il est possible d’utiliser une batterie (9 ou 12 V) ou un branchement sur secteur (230V). Dans tous les cas, le voltage requis varie entre 3000 et 4000 volts pour obtenir l’effet dissuasif.
Quels matériaux conducteurs choisir?
Si les cordons et cordelettes présentent une usure minime en raison d’une faible prise au vent, les rubans sont davantage sensibles aux aléas climatiques s’ils ne sont pas suffisamment tendus, mais offrent une meilleure visibilité aux animaux. Pour les deux options, le risque de blessures est limité. Quant aux fils, ils représentent la solution la plus économique, avec une charge de rupture moins importante. Dans ce cas, il est recommandé de choisir des types « High Tensile », plus élastiques et plus résistants à la traction que l’acier doux. Au final, tout va dépendre donc de ses objectifs. Il est conseillé d’installer deux rangées pour les vaches laitières (à 60 et 90 cm) et trois pour les taureaux, les vaches allaitantes, leurs veaux et les races robustes (disposées à 45, 75 et 105 cm).
Pour les piquets, comme on l’a vu, le mode d’usage de la clôture est déterminant. A installer tous les 4-5 mètres. Fixer des isolateurs sur le piquet si celui-ci n’est pas isolant, afin d’éviter le contact entre le fil. Penser également aux tendeurs de fils, aux câbles de raccordement, à une protection contre la foudre, à un testeur de courant…
Pour optimiser l’efficacité de la circulation du courant, la prise de terre est un incontournable dans l’installation d’une clôture électrique. Prévoir une longueur de 1 m par joule délivré par l’électrificateur. Les barres en acier galvanisé sont enfouies à une profondeur de 30 cm, selon un écartement d’au moins 3 mètres entre elles. Le sol doit être un minimum humide pour assurer la conductivité du courant. S’il est trop sec ou caillouteux, rajouter de la bentonite autour des tiges et rallonger l’écartement à 10 mètres.
Selon la réglementation, des panneaux d’avertissement doivent être installés tous les 50 mètres sur la clôture (poteaux ou matériaux conducteurs), et particulièrement le long des routes et chemins. Les caractéristiques obligatoires : dimensions de 10 x 20 cm, fond jaune et texte « clôture électrique » de 25 mm.
Clôtures mobiles : déplacer rapidement la clôture avec les araignées de prairie
Les araignées de prairie peuvent être réalisées artisanalement ou achetées toutes prêtes. Le principe : un système présentant six tubes qui forment une roue et se déplace en tournant, avec le fil qui passe au centre. Grâce à cette mobilité, elles sont très pratiques, permettant de déplacer la clôture très rapidement et sans l’aide de personne. A la clé, un gain de temps par rapport à une clôture « classique », avec fils et piquets, mais également un effet sur la productivité des prairies, en réduisant les cycles de pâturage et en augmentant le rendement.
Un barbelé, c’est mieux ?
Les barbelés sont traditionnellement utilisés pour les clôtures des bovins, en raison de leurs atouts : durabilité et solidité sont au rendez-vous, avec un bon vieillissement. 3 à 4 rangs de fils sont généralement nécessaires, avec des piquets en bois installés tous les 3 à 6 mètres , auxquels se rajoutent des petits piquets intermédiaires et des piquets d’angles. Ce qui induit un besoin élevé en pieu. Au final, cette pratique est plus coûteuse en temps et en argent que pour une clôture électrique. La mécanisation des travaux de pose des barbelés et de plantation des piquets est possible, mais cela rajoute encore quelques chiffres au montant final.
Recourir aux clôtures virtuelles ?
Et s’il n’y avait plus besoin de clôtures physiques pour contenir les troupeaux dans les champs ? C’est en tout cas ce que propose la société norvégienne Nofence (traduction littérale : ‘sans clôture’). Le principe : la zone de pâturage est virtuellement délimitée à partir du téléphone et les animaux sont équipés de colliers avec un GPS dont la batterie est alimentée par des panneaux solaires et qui émettent un signal sonore désagréable à l’approche de la clôture et un signal électrique en cas de franchissement. Plusieurs objectifs sont visés, notamment pour le gain de temps par rapport à la pose de clôtures et la gestion des pâturages tournants facilitée.
Un investissement conséquent
Des essais conduits en 2019 puis en 2020 dans les Digifermes ont permis d’en évaluer l’intérêt avec des génisses, avec un temps d’adaptation respectivement de 3 semaines et 8 jours en retirant progressivement la clôture physique. Conclusion ? Les jeunes vaches comprennent rapidement les règles du jeu : les alertes de dépassement de la clôture virtuelle ont réduit dès le deuxième jour avec la clôture virtuelle. Les comportements diffèrent de l’une à l’autre, certaines étant plus tenaces à franchir les limites. La croissance des génisses n’a pas été impactée, mais il est prévu de mener des études plus approfondies sur ce sujet, ainsi que sur la valorisation de l’herbe, le comportement et le bien-être animal, et enfin, le travail de l’éleveur. Autre point soulevé, le coût de cette technique : un collier coûte environ 300 euros et l’abonnement, 30 à 60 centimes par jour et par animal. Un investissement qui se réfléchit donc sur le long terme.
Entretenir les clôtures
Si pour les clôtures mobiles, la question se pose généralement moins, elle est essentielle pour celles qui sont permanentes. L’objectif est d’éviter l’envahissement des fils par la végétation.
On peut l’anticiper dès la pose en raisonnant la distance avec les haies et les bords de chemin et en contournant les obstacles (pierriers, fourrés,...).
Ensuite, si les animaux ont accès aux zones sous les fils, c’est tant mieux. Sinon, différents outils peuvent être utilisés : épareuse à rotor, broyeur d’accotement et/ou broyeur satellite à ressort. Dans le cas des barbelés, il est recommandé de positionner la rangée la plus basse à 50 cm de hauteur afin de laisser un espace suffisant au passage de l’outil.
Pour une clôture électrique, la destruction des ronces et des ligneux notamment permet d’éviter des pertes de tension voire le dysfonctionnement du système entier, et ainsi, de préserver l’efficacité du courant.
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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles. Crédit photo Adobe Stock.
