Chaque année, la constitution du stock fourrager est un enjeu majeur pour les éleveurs, d’autant plus quand un climat sec sévit. Voici quelques préconisations pour choisir des semences fourragères adaptées pour le semis d’une dérobée à l’interculture ou d’une prairie en fin d’été.
Pour sécuriser ses stocks de fourrage, profiter de l’interculture pour semer des cultures en dérobée entre juin et octobre est une option intéressante.
Plusieurs valorisations sont envisageables pour l’alimentation des ruminants : pâturage, affouragement en vert, ensilage ou enrubannage.
Quelles semences fourragères à l’interculture ?
Selon le choix de l’espèce, les dérobées offrent divers avantages : amélioration de la structure du sol, piégeage de l’azote, restitution de la matière organique pour fixer le carbone, favorisation de la biodiversité (faune sauvage, abeilles…), couverture du sol pour limiter l’érosion, lutte contre les bioagresseurs comme les adventices ou les ravageurs.
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La date de semis des fourragères
Graminées, crucifères et légumineuses peuvent convenir pour des semis en dérobée. Il faut toutefois être attentif à la date de semis. Tenir compte de la récolte de la culture qui précède, pour savoir si la parcelle est disponible est donc nécessaire. Dès le début de l’été, il est possible de semer des graminées telles que le moha ou le sorgho fourrager, qui valorisent bien les hautes températures.
Associer des espèces fourragères ou non ?
Les associations d’espèces sont intéressantes à plusieurs titres :
- Mettre toutes les chances de son côté pour la réussite d’au moins l’une d’entre elles, face à un climat aléatoire d’une année sur l’autre ;
- Bénéficier de meilleures performances ;
- Se servir de leur complémentarité pour apporter aux animaux des fourrages qui couvrent différents besoins (fibres, azote…).
A titre d’exemple, les associations graminées + légumineuses donnent de meilleurs rendements en général, mais le coût des semences est un peu majoré comparé à celui des espèces seules.
Objectif qualité ou quantité du fourrage ?
Autre question à se poser lors du choix d’espèces : mon objectif est-il de privilégier la quantité ou la qualité du fourrage ?
Pour obtenir une bonne quantité, même en conditions sèches, les sorghos, moha et millets fourragers sont bien adaptés, avec l’avantage d’être produits en des laps de temps relativement courts (80 à 90 jours). L’écueil : leur densité énergétique et leur valeur azotée faible.
Si l’on vise plutôt la qualité, miser sur des associations graminées + légumineuses ou graminées + colza, qui présentent de bonnes valeurs énergétiques et azotées. Autre atout, elles peuvent être utilisées pour du pâturage et/ou de la fauche. En espèces seules avec des valeurs nutritives élevées, on peut opter pour le trèfle incarnat, la vesce commune, le colza ou le ray-grass d’Italie. Les légumineuses sont riches en PDI (Protéines Digestibles dans l'intestin grêle) ; alors que les crucifères, utilisées avant la floraison, sont équilibrées en UF (Unités fourragères) /PDI, qu’il faut limiter dans les rations des bovins en pratiquant le pâturage au fil ou en les exploitant en tant qu’affouragement en vert.
Plusieurs paramètres entrent donc en ligne de compte pour choisir les espèces à implanter en dérobée: conditions pédoclimatiques, valorisation possible, date de semis, objectifs d’utilisation, bénéfices additionnels…
Quid de la destruction des dérobées ?
La destruction de la dérobée peut être réalisée de fait lors de son exploitation ou lors d’un épisode de gel, si elle y est sensible (donc surtout avant un semis de printemps). Le cas échéant, il est nécessaire de recourir à un labour. Sinon, procéder à une destruction chimique, si toutefois la réglementation le permet.
Et pour les semences fourragères pour prairies de fin d’été ?
Les prairies peuvent être semées en fin d’été ou au printemps. Les implantations estivales présentent plusieurs avantages : elles produisent de l’herbe dès le printemps suivant, offrent une couverture du sol pendant l’hiver et sont adaptées aux parcelles difficiles à exploiter en sortie d’hiver.
Le choix des espèces va dépendre de plusieurs paramètres : la valorisation de l’herbe et le contexte pédoclimatique, mais également de la durée d’installation prévue pour la prairie et des besoins de ses troupeaux.
La valorisation de l’herbe
Comme pour les dérobées, la prairie peut être destinée au pâturage ou à la fauche (ensilage, foin et/ ou affouragement en vert). Dans tous les cas, il peut être intéressant de semer un mélange multi-espèces pour bénéficier de leur complémentarité, notamment avec des graminées, riches en énergie (UF), et de légumineuses, riches en protéines (UDI) et permettant de réaliser des économies sur les engrais azotés. Pour les semis d’été, ne pas inclure plus de 50% de légumineuses, afin d’éviter les risques de météorisation qui se traduit par une accumulation de gaz dans le rumen, survenant surtout chez les ruminants.
Pour du pâturage, plusieurs critères vont orienter le choix de l’espèce : souplesse d’exploitation pour le 1er cycle, l’alternativité et la remontaison pour les pousses suivantes. Ainsi, le ray-grass anglais (RGA), le trèfle blanc associé à une graminée, le ray-grass Italien (RGI) non alternatif, le ray-grass hybride type anglais, la fétuque des prés, le dactyle (cycle 3 semaines maxi), ou le festulolium typé RGA y sont adaptés. Il est possible de s’orienter aussi vers du RGI et RGH types Italiens en deuxième année. Avec de bons atouts, l’association RGA + trèfle blanc est souvent utilisée, mais mieux vaut diversifier afin de ‘mettre ses œufs dans plusieurs paniers’.
Côté fauche, tout va dépendre du mode de conservation. Pour de l’ensilage, toutes les espèces de graminées peuvent convenir, excepté le ray-grass anglais tardif. Pour du foin, RGI ou RGH, luzerne, fétuque élevée, brome, fléole et dactyle sont bien adaptés. Et pour de l’affouragement en vert, on peut privilégier ray-grass d’Italie ou hybride, festulolium typé RG, luzerne, brome ou trèfle violet, mais aussi opter pour de la fétuque élevée ou du dactyle.
Les conditions pédoclimatiques
L’état d’humidité du sol peut être un critère d’entrée pour le choix de l’espèce. Dans un sol humide, voire hydromorphe, il est possible de semer de la fétuque des prés, de la fléole et du trèfle hybride. Si les inondations sont peu fréquentes, ray-grass anglais, ray-grass d’Italie et hybrides, festulolium, trèfle blanc et trèfle violet sont également adaptés. Tandis que brome, luzerne, lotier et dactyle se plaisent dans une parcelle superficielle et séchante.
A noter qu’il n’y aucune contrainte particulière pour la fétuque élevée.
Côté températures, rappelons qu’aucune espèce n’est plus sensible au froid une fois la prairie installée. Par ailleurs, dactyle, fétuque élevée, brome, luzerne et lotier résistent très bien à la chaleur.
Alors que la croissance du RGA va être stoppée à plus de 25°C.
La durée d’installation de la prairie
Le choix des semences fourragères pour prairies doit également prendre en compte la durée prévue, qui peut aller de 6 mois à plus de 5 ans (jusqu’à 10 ans parfois si la prairie reste en bon état).
Valeur alimentaire et besoins des animaux
Bovins, caprins et ovins n’ont pas les mêmes besoins. Il est donc nécessaire d’adapter le choix des semences fourragères pour prairies à implanter aux besoins de son troupeau, notamment quant à l’appétence, la valeur énergétique et la valeur azotée. L’objectif est d’obtenir un fourrage avec un bon équilibre entre ces trois critères, en fonction de l’alimentation générale du cheptel.
Que ce soit pour de la dérobée ou une prairie à plus longue durée, il est impératif bien raisonner le choix des semences fourragères pour optimiser l’alimentation des ruminants.
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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.
