Que ce soit en arboriculture ou en viticulture, le bon établissement des jeunes plants est une étape clé de la mise en production de la parcelle. A ce stade, le manchon de protection doit protéger le jeune plant des agressions extérieures tout en assurant sa croissance. Il en existe de différents types. Mais pour faire le bon choix, différents critères sont à considérer. De plus, leur impact environnemental doit aussi fait partie de la réflexion.
Le manchon de protection doit remplir plusieurs fonctions. En effet, le jeune plant doit être placé dans les conditions optimales pour sa croissance et être protégé contre différents types de risques : abroutissement des animaux, petits et gros gibiers, pulvérisations d’herbicides non-sélectifs ou autres produits phytosanitaires, outils qui travaillent le sol à proximité ou encore des stress climatiques, comme le vent et le gel. Pour être sûr d’optimiser l’usage du manchon de protection, il est nécessaire d’évaluer un ensemble de critères qui vont définir sa performance et sa durabilité. Ces critères sont définis en fonction des objectifs que l’on se fixe, du type de parcelle, de son exposition, de ses risques etc…
Le manchon de protection biodégradable a un prix
Historiquement, ces manchons étaient fabriqués en matières plastiques non recyclables. Il est en effet utile de rappeler que sur une exploitation, le manchon de protection devient à terme un déchet. Et en matière de déchet, le plastique est loin d’être fantastique. N’oublions pas que l’UE s’est fixée comme objectif de recycler 100% des déchets plastiques ménagers et agricoles d’ici 2025 et qu’elle procède d’ores et déjà à une taxation progressive.
Alors pour répondre aux exigences environnementales, les manchons biodégradables ont peu a peu fait leur apparition sur le marché. Le plus connu de tous, le manchon en papier kraft, disponible pour le marché viticole et arboricole. Ce manchon de protection est non seulement biosourcé (à base de pin des Landes), mais il est aussi biodégradable. C’est-à-dire qu’après avoir été enfoui et incorporé au sol, il se dégrade naturellement en quelques semaines.
S’il a parfois été reproché à ce type de manchon d’être moins résistant dans le temps, les fournisseurs semblent désormais garantir une durée de vie d’environ 36 mois. Une étude de l’IFV (Institut Français de la vigne et du vin) réalisée en 2014 confirme les bonnes performances techniques de ce type de manchon « Les manchons en papier ont parfaitement rempli leur rôle et ont permis un développement normal des plants. […] En situation où les étés sont chauds, voire caniculaires, les manchons en papier protègent efficacement les pousses contre l’échaudage ou les brulures].
Plus récemment, des manchons en chanvre ou encore en laine de mouton ont fait leur apparition sur le marché. Il semble que la laine de mouton ait un effet répulsif vis-à-vis de certains gros gibiers et des escargots et assurerait un effet isolant aux jeunes plants.
Précisons aussi, que certains manchons sont aussi fabriqués en matières biosourcées, issues de matières végétales, (amidon de maïs par exemple), mais attention, qui dit matière biosourcée ne signifie pas nécessairement que le manchon est biodégradable, toutefois il offre certaines propriétés proches des celles du plastique en matière de résistance.
Le manchon biodégradable sera inévitablement plus cher à l’achat, mais ce prix est à calculer au regard des économies liées au ramassage, stockage, transport et taxes sur les matières plastiques.
Choisir son manchon de protection en fonction de ses objectifs
Outre sa composition et sa biodégradabilité, le choix du manchon doit prendre en considération un certain nombre de critères qui vont conditionner son efficacité en fonction de ses objectifs.
Qu’ils soient pleins, grillagés ou semi-grillagés, les caractéristiques dimensionnelles du manchon, largeur, épaisseur, hauteur et diamètre conditionnent la rigidité du manchon et définissent l’espace vital de la plante. Dans le cas de manchons aux dimensions trop faibles, le vent peut occasionner des dégâts.
La hauteur du manchon est évidemment à déterminer par rapport à la hauteur des dommages potentiels par les animaux en fonction de leur taille, frottis et abroutissements.
Le manchon plein idéal pour protéger des désherbages
Pour protéger les jeunes arbres ou jeunes plants de vigne contre les herbicides non sélectifs ou autres traitements phytosanitaires, les manchons de désherbage ou manchon plein, protègent efficacement. Les fournisseurs proposent des produits microperforés afin de limiter les effets de serre.
Dans cette gamme de produits, on peut évoquer les manchons double protection. C’est-à-dire qu’ils peuvent protéger à la fois contre les désherbages et les dégâts de petits gibiers en partie basse et assurer en partie haute une aération et ventilation propice à la croissance du plant.
Grillagé et semi-grillagé, être attentif à la taille de la maille et au grammage du manchon de protection
Outre les manchons pleins, les manchons grillagés ou semi-grillagés, constituent des barrières physiques efficaces contre les dégâts de la faune sauvage. Dans le jargon des spécialistes, ils sont aussi appelés gaines ou filets à mailles larges ou fines. Ainsi, la taille de la maille, et le grammage du manchon (sa densité) sont des critères de différentiation. Ainsi, moins large est la maille, meilleure est la protection contre le petit et gros gibier. En revanche l’espace de vie du végétal est contraint. D’autre part, plus dense est le manchon, meilleure sera son efficacité comme brise vent.
Là encore, l’arbitrage doit se faire en fonction de ses objectifs. Aussi, si l’on veut une mise en production rapide de sa parcelle, il sera peut-être plus judicieux de favoriser une croissance rapide, sans étiolement, donc sans pousse de rameau, grâce à des manchons aux mailles très fines voire aux manchons pleins.
Si la couleur du manchon n’a encore pas été abordée, c’est qu’en réalité, elle n’aura pas d’incidence sur son efficacité. Toutefois, il n’est peut-être pas superflu de réfléchir aussi à l’intégration paysagère de ces outils de protection. On imagine aisément qu’un manchon de couleur noir se fondera mieux dans le paysage qu’un manchon de couleur bleu. Mais « des goûts et des couleurs, on ne discute pas » !
Choix du manchon de protection : un subtil compromis
En arboriculture et en viticulture, le choix du manchon est donc un subtil compromis entre différents critères qui doivent être définis en fonction de ses objectifs et de ses problématiques. Le prix est un critère mais son impact environnemental en est un autre.
L’investissement doit tenir compte de l’ensemble des éléments déjà cités, mais aussi des temps de pose et dépose éventuels.
