C’est le moment d’anticiper les moissons estivales qui demandent un volume d’hydrocarbures élevé, entre le GNR, les huiles et l’Adblue®. Dans le contexte actuel d’incertitudes sur les futures disponibilités, installer des cuves de stockage dédiées peut être une bonne solution pour sécuriser ses approvisionnements et éviter les éventuelles pénuries. Et l’occasion de profiter de cette réflexion pour l’élargir aux engrais liquides.
Installer des cuves de stockage des hydrocarbures
Avoir ses propres stocks d’hydrocarbures permet d’être autonome sur ses approvisionnements. Voici quelques pistes pour installer un site dédié.
L’installation de cuves de stockage spécifique, ou sa rénovation, est soumise à l’arrêté du 1er juillet 2004. Au-delà d’un certain volume, selon le type d’emplacements, il faut tenir compte de la réglementation des installations classées pour l’environnement (ICPE).
Plusieurs emplacements sont possibles : en plein air en non enterré, en fosse enterrée et en bâtiment. Dans tous les cas, la cuve de stockage choisie doit répondre aux normes françaises ou européennes. Elle peut être en acier ou en plastique, avec des sécurités renforcées ou non. Selon les cuves de stockage, il faut penser aux équipements spécifiques pour le réservoir (dispositif de jaugeage, anti-débordements, vanne anti-refoulement…) et pour les canalisations (gaine coupe-feu, diamètre adapté…).
Pour éviter les vols, il est recommandé de sécuriser le site, par exemple avec une clôture cadenassée.
Pour un stockage non enterré en plein air des hydrocarbures
Au-delà d’un volume de 50 m3, il est nécessaire de tenir compte de la réglementation des installations classées pour l’environnement (ICPE) (déclaration entre 50 et 500 m3, autorisation pour plus de 500 m3).
Choisir une cuve de stockage à double paroi, en l’absence d’une cuvette de rétention, suffisamment opaque pour éviter l’altération du liquide, qui sera solidement fixée sur un plan maçonné. Si son volume est supérieur à 15 m3, une clôture d’au moins 1,75 mètres doit être installée autour. Prévoir au moins un mètre entre la cuve et le stockage de matières combustibles et autres produits incompatibles (engrais azotés par exemple). Il faut également respecter une distance de sécurité avec les bâtiments, selon le volume du stockage.

Pour un stockage en bâtiment
Idem qu’en plein air, un sol plan maçonné est nécessaire pour bien immobiliser le stockage, avec autour des protections pour parer aux chocs éventuels. Certaines précautions sont à prendre pour le local :
- Une ventilation suffisante ;
- Une installation électrique aux normes ;
- Une porte coupe-feu d’une résistance d’au moins 15 minutes ;
- Des murs, un sol, un plafond avec une résistance au feu d’au moins 30 minutes.
Si la cuve de stockage dispose d’une contenance de plus de 2500 litres, un local exclusivement dédié doit être construit, avec des valeurs augmentées pour la résistance de la porte coupe-feu (1 heure) et les infrastructures (2 heures). Les bouches de ventilation doivent faire au moins 1 dm3 de section.
Pour les stockages en fosse enterrée
Au-delà d’un volume de 250 m3, il faut tenir compte de la réglementation des installations classées pour l’environnement (ICPE) (déclaration entre 250 et 2500 m3, autorisation pour plus de 2500 m3).
Pour l’emplacement, il faut respecter une distance de 50 cm entre les parois de la cuve de stockage et les limites de propriété et espacer chaque réservoir de 20 cm.
Des travaux de maçonnerie sont évidemment à prévoir pour ce type d’installation, après avoir creusé un trou :
- Au fond, une plateforme en béton armé pour poser la cuve de stockage ;
- Des murs en parpaings banchés, d’au moins 20 cm d’épaisseur ;
- Un enduit étanche aux produits pétroliers pour couvrir les murs ;
- Au-dessus, une dalle résistante aux charges, incombustibles, comprenant un regard ;
- Les canalisations doivent passer ailleurs que dans ou sous la fosse, au moins à 50 cm de la fosse.
Une telle fosse n’est pas forcément nécessaire pour les réservoirs à sécurité renforcée. En plein air, la cuve de stockage peut être enterrée entre 0,5 et 1,5 m de profondeur. Ou bien au niveau du sol, avec une épaisseur de terre de 0,5 à 1,5 m de chaque côté des parois. Dans un bâtiment, l’enfouissement se situe à 0,5 m en dessous du sol.
Et pour le stockage des autres types d’hydrocarbures ?
Il s’agit des huiles usagées et de l’Adblue®.
Deux types d’huiles usagées sont produites sur l’exploitation : les huiles noires (vidange moteur, freinage ou direction assistées) et les huiles claires (vidange hydraulique). Elles doivent être stockées séparément, dans des bidons spécifiques de 50 litres minimum ou dans une cuve de stockage dédiée aux huiles. Dans tous les cas, un système de rétention est nécessaire pour éviter les déversements dans l’environnement. L’ensemble est à placer dans un endroit propre, à l’abri de l’humidité et loin des matériels inflammables et des feux.
Quant à l’Adblue®, selon les recommandations, le produit doit être stocké maximum 18 mois dans des réservoirs en acier oxydable ou en matière plastique (ISO 22241). La cuve de stockage Adblue est à placer dans un lieu à l’abri du soleil, sous des températures minimales de -5°C et maximales de + 30°C.
Comment stocker les engrais liquides ?
Avant d’installer un réservoir d’engrais liquides, mieux vaut bien raisonner l’emplacement, l’aménagement de la zone, le type de réservoir, la présence ou non d’un bac de rétention…. Il faut ainsi prendre en compte les règles de respect de l’environnement et d’urbanisme.
Penser au projet en amont
Dans un premier temps, il s’agit de définir le volume nécessaire. Pour des stockages inférieurs ou égaux à 100 m² par site, c’est le règlement sanitaire départemental (RSD) qui s’applique. Alors que pour des volumes de plus de 100 m², il faut se conformer à la réglementation des ICPE (déclaration à faire jusqu’à 500 m², autorisation nécessaire au-delà).
En parallèle, penser à l’emplacement, en extérieur ou en bâtiment, au moins à 3 mètres des bordures de propriétés d’autrui (règles d’urbanisme classique), ou à 5 mètres selon l’ICPE, et idéalement loin des points d’eau, des voies de circulations et du réseau de collecte des eaux pluviales. Le terrain choisi doit être stable et plat, et facile d’accès. Si ce n’est pas le cas, il faut prévoir des travaux de terrassement. Pour éviter tout acte de malveillance, un grillage autour du réservoir peut permettre de sécuriser le site, en plus de mettre un cadenas sur la vanne d’accès.
Choisir le réservoir
Trois types de réservoirs pour stockage d'engrais liquides sont aujourd’hui disponibles :
- Les réservoirs à simple paroi, qui nécessitent obligatoirement la présence d’un bac de rétention, comme une fosse avec un coffrage étanche.
- Les réservoirs à double paroi, qui n’ont pas besoin de bac de rétention si les canalisations de remplissage et de pompage se situent sur le haut du réservoir.
- Les réservoirs souples, plus sensibles aux aléas climatiques ; à placer sur un terrain aplani et sans aspérité, au sein d’un système étanche de rétention.
Pour équiper les réservoirs, préférer des vannes en inox et des tuyaux en acier inoxydable ou polyester.
Construire un bac de rétention pour les cuves de stockage à simple ou double paroi
L’objectif du bac de rétention est de préserver le milieu naturel d’un éventuel déversement.
Dans les cas des cuves de stockage soumis au RSD, ce dispositif n’est pas obligatoire, mais mieux vaut prévoir quand même de sécuriser le site, pour éviter les risques de fuite, avec une rétention d’au moins 1000 litres située sous les vannes. Comme la réglementation évolue sans cesse, il est peut être judicieux d’anticiper et d’opter pour un bac de rétention optimal.
Selon les règles de l’ICPE, le volume du bac de rétention doit être égal à 100 % de la capacité du plus grand réservoir ou 50 % de la capacité globale de tous les réservoirs : retenir la plus grande des valeurs.
Le bac de rétention doit être construit avec des matériaux permettant d’étanchéifier toute la zone autour du réservoir. Comme pour les hydrocarbures, prévoir :
- Un muret en parpaing banché, tout autour de la cuve, d’1 m à 1,20 m, couvert à l’intérieur d’enduit hydrofuge ou d’une peinture étanche, avec des joints étanchéifiés ;
- Un sol bétonné, avec une légère pente vers le puisard de rétention ;
- Un puisard de vidange, permettant de recueillir les engrais rapidement, puis de les évacuer ;
- Des fondations en béton pour les cuves aériennes ou des berceaux pour les cuves horizontales.
Et pour les réservoirs souples ?
Il existe deux solutions pour étanchéifier la cuve de stockage :
- Sous le réservoir, installer un grillage (contre les rongeurs), puis une géomembrane étanche. Au centre de l’évent, prévoir un dôme de sable pour éviter un débordement éventuel lors du remplissage.
- Un dispositif maçonné, comme les cuves à simple paroi.
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