Entre deux cultures « principales » et avant les semis d’automne, il est recommandé, voire obligatoire, d’implanter un couvert végétal dans un but agronomique et/ou alimentaire. Le choix de l’espèce ou des espèces va dépendre des objectifs fixés sur l’exploitation.
Les couverts avant les semis ? De nombreux bénéfices …
Au niveau agronomique, les cultures intermédiaires offrent de nombreux avantages selon l’espèce :
1. Couvrir le sol, le préservant de l’érosion ;
2. Piéger l’azote avec les CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates) ;
3. Augmenter la fertilité du sol ;
4. Limiter le développement des bioagresseurs à l’échelle de la rotation, et notamment :
o Les adventices, par concurrence directe, allélopathie ou bio-fumigation ;
o Les maladies, en créant une rupture dans leur cycle ;
o Les ravageurs, au travers de leurs propriétés répulsives envers eux, ou attractives envers des auxiliaires régulateurs.
Les couverts végétaux d’interculture peuvent également être utilisés pour améliorer les stocks fourragers de l’exploitation.
CIPAN, les couverts qui répondent à la réglementation nitrates
Depuis 1991, la directive européenne nitrates vise à réduire les pollutions des eaux par les nitrates d’origine agricole, en particulier en zones vulnérables. Elle a été transposée en droit français, puis déclinée à l’échelle régionale, voire départementale. En France, environ 70 % des surfaces sont concernées, avec l’obligation d’être couvertes en hiver avec des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN). L’objectif : capter, durant cette période humide, les reliquats azotés des cultures et l’azote issu de la minéralisation de la matière organique. Les bénéfices induits : limiter le lessivage des nitrates et lutter contre l’érosion des sols. Et aussi, restituer de l’azote à la culture suivante – de 10 à 50 % des quantités présentes dans le couvert selon ses caractéristiques.
Couverts avant les semis : des espèces pour différents objectifs
Il existe plusieurs familles de couverts possibles :
1. Les graminées : faciles d’implantation, elles contribuent à la lutte contre l’érosion du sol et des phénomènes de battance grâce à leur système racinaire fasciculé. Elles fournissent également une bonne source de fourrages dans les exploitations d’élevage.
2. Les crucifères : également faciles d’implantation, elles ont la capacité de piéger l’azote et favorisent la biodiversité en offrant un bon refuge pour la faune locale. Le radis et la navette ont un effet structurant pour le sol, au contraire de la moutarde.
3. Les légumineuses : en raison de leur implantation qui prend du temps, elles doivent être semées tôt. Elles sont d’excellentes sources d’azote pour la culture suivante. Le trèfle blanc et la vesce commune présentent l’avantage d’être mellifères, tandis que la féverole a un effet structurant sur le sol.
Les mélanges de plusieurs espèces permettent :
- De combiner les atouts de chacune : effet structurant, piège à nitrates... ;
- De réduire le coût global des semences, en mélangeant des semences abordables et des plus onéreuses (comme la phacélie par exemple) ;
- D’optimiser les chances de réussite du couvert, en assurant les levées d’au moins une espèce face aux aléas climatiques.
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Couverts avant les semis d’automne : lesquels choisir ?
Selon ARVALIS-Institut du végétal, quatre critères permettent de faire son choix d’espèces à l’interculture : la rotation des cultures dans la parcelle, la culture suivante, la date de semis, la valorisation ou non en fourrage.
Quelle est la rotation ?
Sur l’aspect rotationnel, en cas de retour fréquent de certaines cultures principales, mieux vaut s’abstenir de semer des couverts végétaux de la même famille, qui peuvent favoriser la présence de bioagresseurs (maladies, adventices…).
Exemples : Éviter les crucifères telles que moutarde, radis…dans une rotation avec du colza (risque de hernie) ou du chou.
Éviter la vesce, la féverole, le pois, le trèfle dans une rotation avec des légumineuses.
Il faut également être attentif à certains risques sanitaires : Aphanomyces Euteiches en rotation avec pois ou haricot, ou Heterodera schachtii, si les betteraves sont fortement présentes dans la rotation.
Attention aux impacts sur la culture suivante
Si l’on s’intéresse plus particulièrement à la culture suivante, il est possible que les couverts végétaux aient des effets dépressifs, bien que ce ne soit pas systématique. Ces effets peuvent être toutefois atténués si les couverts sont détruits suffisamment tôt. Autre risque également, la transmission de maladies.
Exemples : Eviter avoine, ray-grass d’Italie, seigle ou moha avant blé ou orge.
Semer des couverts de crucifères et les supprimer entre novembre et février s’ils précèdent un maïs.
Semer le couvert à la bonne date pour un développement suffisant
Pour certaines espèces, des semis trop tardifs – fin août / début septembre – ne vont pas pouvoir bénéficier de suffisamment de lumière ou de températures pour assurer leur bon développement. Des implantations plus précoces (début août) sont mieux valorisées par davantage d’espèces.
Exemples : Semer du trèfle d’Alexandrie avant les premiers jours d’août en raison de sa vitesse d’installation lente et des besoins en chaleur élevés.
Implanter du tournesol, du niger et les légumineuses avant mi-août.
Des implantations de couverts végétaux avant la récolte de la culture principale, c’est possible ?
Certaines espèces se prêtent bien à un semis avant la récolte de la culture principale, ce qui permet le développement recherché du couvert. Selon les conclusions d’essais réalisés par Agrotransfert, cela présente d’autres bénéfices : débits de chantiers élevés et donc gain de temps, anticipation des semis et donc moindre charge de travail après la moisson et enfin, réduction des charges de mécanisation liées à ces implantations.
Pour assurer la faisabilité technique de ces chantiers, car cela peut être un frein, il est nécessaire de prendre des précautions :
- Choisir des espèces et variétés adaptées ;
- Réaliser les semis moins de trois semaines avant la récolte ;
- Ne pas semer dans des parcelles fortement infestées de dicotylédones et de vivaces ;
- Parvenir à positionner les semences sur la largeur adéquat ;
- A la moisson, bien répartir les pailles et les menues pailles ;
-Attendre patiemment la germination du couvert (en général après une pluie significative. )
Ce couvert est-il destiné à une valorisation fourragère ?
Dans une exploitation de polyculture-élevage, les couverts végétaux peuvent servir à constituer une partie du stock fourrager du troupeau. Le choix doit porter sur une espèce adaptée à cet usage. Et garder en tête que si c’est le cas, certaines ne sont pas considérées comme couvert intéressant en interculture.
Par exemple, le ray-grass d’Italie est un bon fourrage, mais peut augmenter la pression adventices de la parcelle et mal restituer l’azote…
Prendre également en compte le mode de destruction du couvert
Le choix de l’espèce peut également dépendre des moyens de destruction possibles et disponibles sur l’exploitation.
Le gel est le moyen « idéal » : pas d’investissement financier nécessaire et préservation du sol et de l’environnement. Mais pour qu’il soit efficace, il est nécessaire qu’il n’intervienne pas tardivement et que l’espèce choisie y soit sensible, comme le niger, le moha, le sarrasin, voir le tournesol… Ce sera plus aléatoire pour la moutarde, qui gèle vers -6° à -8°C.
S’il ne convient pas à toutes les espèces, le broyage est bien adapté par contre à la moutarde. A éviter sur graminées car il y a un risque de les voir repousser après une coupe.
Le roulage sur sol gelé peut également une technique à envisager à condition d’intervenir par températures négatives. A éviter sur les espèces non gélives comme les graminées adventices ou repousses de blé, peu sensibles.
Les préparations de sol avant les semis peuvent également être également l’occasion de détruire les couverts végétaux avant les semis : labour, déchaumage, travail superficiel ou profond… A raisonner en fonction de l’espèce en place. Par exemple, le labour peut être problématique avec le radis ou de la navette, qui peuvent repousser via leur organe de réserve.
L’utilisation d’un herbicide non sélectif comme le glyphosate offre une grande souplesse d’intervention. Elle est efficace sur un large spectre d’espèces, notamment les graminées, avec quelques limites sur radis, navettes ou des légumineuses comme le trèfle. L’ajout d’un anti-dicotylédones permet d’améliorer l’action sur les couverts de ce type. Vérifier les conditions d’emploi du glyphosate qui ont été modifiées depuis octobre 2020 et les délais obligatoires à respecter avant la culture suivante.
Tableau 1 : Sensibilité des différentes espèces de couverts végétaux à différents modes de destruction

En conclusion, un compromis doit être trouvé entre tous ces critères afin de répondre aux exigences technico-économiques et aux objectifs de l’exploitation.
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Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.