1. Accueil
  2. Toutes les actualités agricoles
  3. Céréales à paille hybrides : à tester sur quelques parcelles de son exploitation
les semences
les céréales à paille

Céréales à paille hybrides : à tester sur quelques parcelles de son exploitation

Les variétés hybrides de céréales à paille représentent actuellement une très petite part des marchés des semences. Leurs atouts ? Un effet hétérosis, c’est-à-dire une meilleure vigueur hybride par rapport aux lignées. Des innovations qui méritent donc de s’y intéresser et de les tester sur son exploitation.

Les variétés de céréales à paille hybrides sont apparues au milieu des années 1980, avec de premières inscriptions en blé tendre. Depuis, la gamme disponible s’est élargie à l’orge d’hiver, le triticale et le seigle. Les proportions semées restent pour l’instant assez minimes (figure 1) dans le paysage français des variétés.

>> La gamme de céréales hybrides disponibles sur aladin.farm

Céréales à paille : comment obtient-on un hybride ?

Il existe plusieurs méthodes pour obtenir une variété hybride. Par exemple, en blé tendre, un gamétocide est utilisé : c’est un agent chimique qui va bloquer la formation de pollen, aboutissant à l’obtention de lignées mâles stériles. Une autre voie, cette fois génétique, est envisagée, en croisant des lignées naturellement mâles stériles avec des lignées de bonnes valeurs agronomiques, comme c’est déjà le cas actuellement pour les orges d’hiver.

En raison de tout ce travail de recherche, les semences hybrides représentent un coût un peu plus élevé que celui des lignées, mais l’investissement vise des meilleures performances en termes de productivité, de rusticité et de qualité intrinsèque. De plus, cela est compensé par une densité de semis réduite.

Meilleurs rendements des céréales à paille hybrides comparés aux lignées

Les variétés d’orge et de blé hybride sont régulièrement évaluées, par les semenciers, mais aussi dans les réseaux d’essais du continuum inscription/post-inscription, tout comme les variétés lignées.

Concernant les blés, des essais conduits entre 2002 et 2013 ont montré une différence moyenne de rendement de 4.2 q/ha entre les hybrides et les lignées, alors que la densité de semis a été réduite de 30%. Autres constats sur les composantes de rendements : les blés hybrides ne tallent pas davantage et présentent une bonne fertilité épi à peuplement épis équivalent par rapport aux lignées. Aussi, les PMG varient selon la variété hybride, mais restent assez élevés compte-tenu du nombre de grains par m².

Idem pour les orges d’hiver, selon les résultats des 152 essais menés de 2006 à 2015. Avec les hybrides, les gains de rendements atteignent en moyenne 4,5 q/ha par rapport aux lignées (2 et 6 rangs), avec une densité réduite de 25%. Et sont 3 q/ha en comparant uniquement avec des lignées 6 rangs. Au-delà de ces moyennes, il existe une variabilité des performances – de -3 à +12q/ha -, selon l’année climatique, la localisation des essais mais aussi les variétés semées, en hybride comme en lignées.

Côté composantes de rendements, les orges d’hiver montrent un peuplement épis qui semble légèrement plus faible que celui obtenu avec les lignées et une meilleure fertilité épi.

Sur le volet résistances aux maladies, il existe, en blé comme en orge, une grande diversité des comportements intrinsèque à chaque variété, hybride ou non. Toutefois, les orges hybrides afficheraient une meilleure tolérance vis-à-vis de la rhynchosporiose, de l’oïdium et de l’helminthosporiose.

Concernant le seigle, l’effet « hétérosis semble assez élevé en seigle. L’écart de rendement entre lignées et hybrides est plus important qu’en blé ou en orge. », indique Philippe Du Cheyron, du pôle Variétés, Génétique et Semences chez ARVALIS – Institut du végétal. Une explication peut être à trouver dans le fait qu’il s’agit d’une espèce allogame, alors que les deux autres sont autogames. »

Hybrides ou lignées ? Un choix de variétés de céréales à paille à raisonner au cas par cas

Il ajoute : « Au-delà de ces résultats, il est nécessaire de raisonner le choix de la variété, hybride ou lignée, selon le contexte de son exploitation – climat, sol, maladies récurrentes… - et de ses objectifs – rendement, qualité, résistance fongique… », sur la base d’une analyse fine de ses performances.

Aussi, Philippe Du Cheyron précise, en effet, que « Les variétés hybrides apportent souvent des rendements légèrement plus élevés que les variétés lignées. Mais le coût plus élevé des semences doit être pris en compte dans le choix d’une variété hybride.

L’intérêt économique dépend de la densité de semis, des coûts des semences, mais aussi des prix de vente de la collecte. »

Il s'agit donc d'un calcul à faire et de raisonner à partir des situations agronomiques rencontrées sur le terrain. Sachant que les hybrides s'en sortent mieux dans certaines circonstances, et notamment des contextes exigeants. Par exemple ? Des blés de blé, des terres à potentiel limité, ou encore des blés de maïs, afin de profiter de la résistance de certains hybrides aux fusarioses.

C’est donc là que toute l’expertise de l’agriculteur intervient.

Des marges de progrès en perspective pour les céréales à paille hybrides

La recherche sur les variétés hybrides est toujours très active et les ressources génétiques, importantes. Les sélectionneurs et obtenteurs poursuivent leurs travaux, et proposent régulièrement des nouveautés à l’inscription. Ce type de variétés semble ainsi avoir un bel avenir.

Bernard Mellac, en charge des partenariats avec les sociétés d’agrofourniture chez InVivo , encourage à semer ce type de variétés : « Le progrès génétique va encore permettre d'améliorer les performances des variétés hybrides. Il peut donc être opportun de s’y intéresser d’autant plus avec les aléas climatiques rencontrés de plus en plus chaque année…Et de faire sa propre expérience, sur une ou deux parcelles en variété hybride afin de tester ces innovations sur son exploitation. »

Céréales à paille hybrides : quelles valorisations possibles ?

Les variétés de céréales à paille hybrides peuvent être classiquement récoltées à maturité, pour des débouchés grains et paille. Certains semenciers suggèrent d’autres valorisations pour les orges hybrides : en fourrage, avec une fauche à la montaison, ou pour la méthanisation, en raison de la quantité plus élevée de biomasse produite et un pouvoir méthanogène qui peut être intéressant.

Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.

Partager la page

Les céréales à paille hybrides sur aladin.farm