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Engrais complets : optimiser la fertilisation NPK des cultures fourragères

fertilisation NPK sur céréalesPhotoAgriculture - stock.adobe.com

Alors que les marchés des engrais sont toujours tendus, avec des prix qui restent élevés, il peut être tentant de faire l’impasse sur la fertilisation NPK sur cultures fourragères. Mais c’est prendre le risque d’en affecter les rendements et la qualité. Malgré le contexte, miser sur des engrais complets apporte une solution tout-en-un pour couvrir les besoins.

Avec l’envolée des prix de l’azote, de nombreuses questions se posent quant à la gestion des achats de fertilisants pour les campagnes actuelles et à venir. La fertilisation demeure un poste important dans la conduite des cultures, à ne pas négliger pour préserver les potentiels de rendements et la qualité. En cultures fourragères, l’enjeu est également de reconstituer des stocks suffisants en limitant le recours à des compléments extérieurs.

Au vu du contexte des prix élevés des engrais, les impasses ont tendance à être d’actualité, ce qui est problématique pour les parcelles en situation déjà affaiblie, et qui risque donc de perdurer.

En prairie, de nombreux résultats d’essais montrent que la pluie n’est pas le seul facteur limitant pour le rendement. Mais c’est aussi la fertilisation qui remplit les greniers. Dans des contextes fourragers rendus compliqués, ça a du sens de maintenir les apports de NPK. D’autant plus qu’une carence en minéraux dans les plantes se retraduit ensuite dans les fourrages, impactant l’alimentation des animaux et nécessitant une complémentation.

Marché des engrais azotés : comment en est-on arrivé là ?

En 2021, le marché mondial des engrais était déjà très tendu : alors que la Chine traversait une crise de l’énergie, elle a mis en place des restrictions sur les exports d’urée jusqu’en début de l’été 2022, afin de privilégier les agriculteurs chinois. La guerre en Ukraine est venue rajouter des tensions. L’Union européenne a décidé de sanctions économiques envers la Russie, premier producteur mondial de potasse et premier exportateur d’engrais NPK. En parallèle, les suspensions des livraisons en gaz par les Russes ont provoqué une pénurie et donc, une flambée des coûts de production de l’ammoniaque, qui sert à l’élaboration des engrais azotés. Conséquences : la fermeture de plus de 70 % des lignes de fabrication au sein de l’Union européenne. Et des prix d’engrais complets, comme simples, qui ont connu une hausse jamais vue, étant indexés sur ceux du gaz : ils ont atteint des niveaux historiques tout au long de 2022 - 965 €/t pour l’urée début septembre, 1020 €/t pour le triple 17 en avril... Depuis quelques semaines, le marché se détend quelque peu : les conditions douces de l’automne 2022 ont permis de limiter les consommations d’énergie, permettant de reconstituer les stocks de gaz. Mais l’avenir reste incertain, tout dépend de l’évolution des relations géopolitiques.

Viser l’optimum technico-économique pour la fertilisation azotée du maïs fourrage

Comme pour beaucoup de cultures, la méthode du bilan permet de calculer la dose totale prévisionnelle à apporter sur maïs fourrage. Pour cela, il faut soustraire les fournitures du sol aux besoins de la culture.

Les besoins totaux en azote du maïs fourrage peuvent être calculés ainsi :

Besoins totaux = objectif de rendement x besoin unitaire

Tableau 1 : Quantité d’azote absorbée par le maïs fourrage pour produire une unité de production

Quantité d’azote absorbée par le maïs fourrage
Source: ARVALIS

Les fournitures du sol vont dépendre de la minéralisation des fractions azotées contenues dans l’humus du sol, des apports organiques, des résidus de culture et des couverts végétaux.

Une fois la dose prévisionnelle calculée, il peut être intéressant d’évaluer s’il est possible de l’ajuster, selon le coût de l’azote et les cours du maïs, notamment dans le contexte actuel. Ainsi, ARVALIS-Institut du végétal a mis à disposition des agriculteurs une table qui estime les écarts de doses, restant acceptables pour assurer l’optimum technique (objectif rendements) et l’optimum technico-économique (objectif marges brutes).

Tableau 2 : Écarts moyens de dose d’azote entre l’optimum technique et l’optimum technico-économique pour viser la meilleure marge nette, en fonction des cours du maïs et du prix de l’azote. Les zones présentant un gradient de couleur orangée correspondent à une réduction possible de la dose prévisionnelle d’azote pour viser un optimum technico-économique.

Écarts moyens de dose d’azote entre l’optimum technique et l’optimum technico-économique
Source : Arvalis, mise à jour septembre 2022

A titre d’exemple, sur les hypothèses d’un prix d’achat de l’azote d’environ 2,5 €/kg et une vente de maïs négociée autour de 260 €/t, il serait possible de réduire la dose prévisionnelle d’environ 25 kg N/ha.

Azote sur prairies : l’importance des légumineuses

Sur prairies, le calcul de la dose va dépendre des objectifs de production, des fournitures du sol et de la part des légumineuses semées.

L’effet de la fertilisation azotée sur une prairie multi-espèces a pu être étudié dans des essais ARVALIS menée sur trois ans dans des parcelles destinées à la fauche. Plusieurs stratégies de doses ont été testées, avec ou sans impasse la première année, sur une prairie avec 50% de graminées-dactyles et 50% de légumineuses. Résultats : un rendement dégradé en l’absence de fertilisation la première année, mais, si c’est le cas, une réduction de la part des légumineuses, qui reste acceptable avec une dose inférieure à 90 kg N/ha. ARVALIS préconise donc de ne réaliser des apports en année 1 uniquement si les légumineuses sont bien implantées, en limitant les doses à 30 et 45 kg N/ha sur un fractionnement en deux fois, et sinon, de reporter à l’année suivante.

Dans cette étude, l’analyse technico-économique a permis d’évaluer les coûts de la tonne de matière sèche récoltée pour deux tendances de prix de l’ammonitrate 33,5 : 1,3 €/kg d’azote ( septembre 2021) et 0,8 €/kg d’azote (2017). Dans le top 5 où la tonne produite coûte le moins cher, se trouvent deux modalités sans apport de fertilisation la première année (flèches bleues) et deux autres avec impasse (flèches jaunes), où le taux de légumineuses reste intéressant. La stratégie « N2 60/60 » se place comme la deuxième la moins coûteuse (flèche grise), en raison des meilleurs rendements obtenus sur les trois ans, tout en conservant une bonne proportion de légumineuses.

Tableau 3 : Coût de la tonne de matière sèche récoltée pour deux tendances de prix de l’ammonitrate, et proportion de légumineuses dans la récolte. Valeurs cumulées sur les trois ans d’essai (2018 à 2020).

Stratégie N1 (bâtons unis) : avec apport la première année

Stratégie N2 (bâtons hachurés) : impasse sur la première année

Coût de la tonne de matière sèche récoltée pour deux tendances de prix

Quid de la fertilisation PK sur maïs et prairie ?

Le maïs fourrage est une culture moyennement exigeante vis-à-vis du phosphore et du potassium, ce qui exprime une sensibilité moyenne à une carence.

Pour le calcul de la dose, il faut se baser, selon la méthode COMIFER, sur l’exigence des cultures, la teneur du sol à l’analyse de terre, le passé récent de fertilisation et les résidus de culture du précédent.

Dose P2o5 ou K2o conseillée (en kg /ha) = Coefficient multiplicatif des exportations X Rendement prévu (unité de rendement aux normes) X Teneur en P2O5 ou K2O dans les exportations (kg P205 ou K2O par unité de rendement aux normes)

avec un supplément éventuel dû aux exportations de résidus du précédent.

Retrouvez les valeurs des coefficients multiplicatifs des exportations et toute la méthode dans le guide COMIFER sur la fertilisation P-K-Mg – les bases du raisonnement.

Le calcul peut aboutir à réaliser une impasse, sans affecter le potentiel de rendement. Toutefois, cette stratégie conduit à réduire progressivement la disponibilité des éléments dans le sol.

Sur le long terme, des pertes de production sont possibles. Il est donc nécessaire d’assurer un suivi régulier des parcelles, notamment au travers d’une analyse de terre, et ainsi préserver la fertilité des sols.

Pour les prairies, si elles sont permanentes, une analyse d’herbe permet d’obtenir l’indice de nutrition en PK afin d’évaluer s’il y a carence et de décider de la pertinence d’un apport ou non.

Sans analyse, les doses recommandées sont fonction de la destination de la prairie (pâturage…). Pour les temporaires, c’est la méthode COMIFER qui s’applique. Par exemple, la luzerne est très exigeante en phosphore, et moyennement en potassium. Le ray-grass a des exigences moyennes pour les deux éléments.

Choisir les engrais complets pour fertiliser les cultures fourragères

Les engrais complets avec NPK peuvent être classés en deux catégories. Les engrais composés industriels, où chaque granulé contient chacun des trois éléments selon une formulation élaborée avant fabrication. Et les engrais composés de mélange, qui associent des granulés de chaque élément ensemble et constituent une nouvelle formule correspondant aux besoins locaux en engrais complets. Dans tous les cas, il faut être vigilant quant aux conditions et restrictions d’utilisation.

Si le raisonnement de la fertilisation indique des besoins en les trois éléments, choisir des engrais composés peut être une solution intéressante.

Pour le maïs, si la dose est élevée, l’apport d’azote peut être réalisé en deux fois, au semis puis au stade 6 / 8 feuilles. Trois apports peuvent être envisagés si la parcelle est exposée au risque de lixiviation : au semis, à 2/4 feuilles et à partir de 8/10 feuilles.

Sur prairies, un premier apport d’azote peut être déclenché au début de la croissance de l’herbe, soit quand le cumul des températures a atteint 200°C jours (base 0°C) depuis le 1er janvier, et si les sols sont portants. Et les suivants vont dépendre du rythme de pâturage et de fauches.



Les informations généralistes contenues dans cet article ne sauraient remplacer un diagnostic personnalisé des parcelles.

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