La conduite des chantiers d’ensilage a pour objectif d’assurer les rendements et la qualité de la récolte sur la durée de conservation, et ainsi, optimiser l’alimentation des troupeaux. Retour sur les bonnes pratiques à suivre.
Pour optimiser rendement, valeur énergétique, conservation et ingestion de l’ensilage maïs, il est nécessaire de viser 32 % de matière sèche (MS) lors de la récolte de l’ensilage.
Afin d’évaluer la teneur en MS de la plante, il est possible de s’appuyer sur la grille Arvalis, largement reconnue, qui se base sur le niveau de remplissage des grains.
Débuter le chantier de récolte maïs ensilage à la bonne date
Ainsi, l’état de maturité du maïs fourrage peut être estimé au travers de la répartition des trois formes d’amidon dans le grain : d’abord laiteux (blanc et liquide), il devient pâteux (jaune clair) puis vitreux (jaune clair). A 32 % MS, les trois types d’amidon sont répartis en trois tiers dans les grains des couronnes centrales de l’épi : c’est donc le moment idéal pour ensiler. Sauf que, mieux vaut anticiper ce stade, pour une organisation optimale des chantiers et notamment la réservation de la machine. Il est donc plus confortable de surveiller l’apparition de la lentille vitreuse, un stade à partir duquel il faut 20 à 24 degrés jours (dj) pour gagner un point de MS. Sur la base des données statistiques de cumuls de températures, il est possible de déterminer la date optimale de récolte.
Autre technique encore plus anticipative : le repérage de la date précise de la floraison femelle, marquée par la sortie des soies. A partir de là, selon la précocité variétale, 550 et 700 degrés-jour (base 6-30°C) sont nécessaires pour atteindre le stade optimal de récolte plante entière, soit 45 à 70 jours selon les régions et le climat.
Dès que les trois semaines sont passées, une visite régulière au champ permet d’affiner ces différentes prévisions. Observer les grains des couronnes centrales de plusieurs épis successifs, situés plutôt au milieu des parcelles, pour se rendre compte de l’avancement du remplissage des grains. Puis vérifier l’état de l’appareil végétatif pour confirmer son diagnostic.
Grille d’observation des grains pour évaluer la date de récolte de l’ensilage de maïs
Être attentif à la finesse de hachage du maïs fourrage
Ensileuse performante, réglages précis de la machine et couteaux bien affutés sont autant de critères importants pour réussir la coupe du maïs fourrage, qui doit être nette et franche. Le hachage doit ainsi répondre à deux objectifs : obtenir une finesse de brin suffisante pour un tassement optimal et en même temps, des brins suffisamment longs pour faciliter la mastication des animaux. Selon les recommandations, l’idéal est de viser autour de 14 mm de longueur.
Des brins de plus de 20 mm sont à éviter : mauvais tassement du silo et refus l’auge, et donc alimentation réduite des animaux.
S’ils sont trop courts, trop fins et trop défibrés, cela mène à une rumination insuffisante chez les animaux qui sont alors exposés au risque de sub-acidose. Cette pathologie se traduit par un trouble de la fermentation ruminale avec une diminution du pH. Difficile à diagnostiquer, elle peut être repérée à partir de plusieurs signes comme des troubles digestifs, une baisse du taux butyreux…avec des conséquences sur l’état des animaux et leurs performances.
Réduire la porosité au silo pour optimiser la qualité de l’ensilage de maïs
L’élaboration du silo demande une attention particulière pour favoriser les fermentations lactiques, éviter les échauffements, les moisissures, et donc les pertes, et ainsi préserver la valeur énergétique et l’appétence de l’ensilage.
Il est donc nécessaire de bien tasser le silo, par couche de 10 à 20 cm, avec plusieurs va-et-vient sur le tas d’ensilage, pour en extraire un maximum d’air avant la fermeture. L’objectif est d’obtenir une densité d’au moins 220 à 230 kilogrammes de MS par mètre cube tassé. Pour cela, il faut déjà prévoir un nombre suffisant de véhicules pour tasser. Selon les recommandations, prévoir 400 kg de poids tracteur pour 1 tonne de MS rentrée par heure. Sachant que les rendements varient entre 10 et 18 t de MS/ha selon les régions et les modes de culture. Tout va donc dépendre du débit de l’ensileuse à la récolte. Pour assurer un travail correct, il peut être nécessaire de prévoir plusieurs tracteurs tasseurs ou de confectionner plusieurs silos simultanément avec le nombre de tracteurs correspondant.
Un bon tassement est aussi une histoire de pneumatiques : éviter le jumelage des roues et favoriser des pneus bien resserrés pour exercer un maximum de pression sur la surface de contact, en les regonflant régulièrement.
Les dimensions du silo – longueur / largeur / hauteur - sont également un paramètre à prendre en compte. Elles vont dépendre de la vitesse d’avancement du front d’attaque prévue à l’ouverture, selon les besoins saisonniers des animaux. Celle-ci s’élève à environ 10 cm par jour en hiver et va jusqu’à 20/25 cm par jour en été.
Bien fermer le silo pour une conservation optimale de l’ensilage de maïs
La récolte de l’ensilage est terminée, le silo a bien été confectionné : vient le moment de procéder à sa fermeture, la plus étanche possible vis-à-vis de l’air. Plusieurs systèmes de couvertures existent. L’idéal est d’avoir deux couches, par exemple deux bâches, ou une bâche avec un sous-film. La première couche, au contact de l’ensilage, vise à chasser le maximum d’air en surface. La seconde a pour rôle de protéger le silo de la pluie, du soleil et des ravageurs. La qualité est donc essentielle : choisir des matériaux aux bonnes dimensions, avec une épaisseur et une microporosité adéquate, résistants à la perforation et/ou à l’étirement, anti-UV…
Concernant le lestage autour du silo, opter pour des boudins de sable, des sacs remplis de sable ou de cailloux ou encore, des tapis de caoutchouc. Eviter les pneus qui peuvent être sources de désagréments : pollution de l’ensilage, nids à insectes, recyclage onéreux…
